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C'est très loin d'être de la science


Re: ce que j'ai compris de favre+complexification -- philippe
Posté par Denis , Dec 31,2002,02:20 Index  Forum

Salut Philippe,

Vous dites : "Bon, je me lance, alors."

J'aime mieux ça comme ça. On est dans un forum de discussion, pas dans un forum de lecture. S'envoyer des mégabytes de monologues ininterrompables (dont on n'est même pas l'auteur) en disant "débrouillez-moi donc tout ça, s'il vous plait?", ce n'est pas la meilleure façon de discuter, de se détordre mutuellement les idées.

Vous dites : "Favre distingue les sciences de la causalité (sciences dures: physique par ex) des sciences de la finalité (ex: psycho).
Favre veut créer une science qui traite de la complémentarité entre les deux, une science des significations."

Si je comprends bien, il essaie de construire une théorie qui ferait le (ou un) pont entre l'intérieur-subjectif et l'extérieur-objectif. Mais cette "science" des significations, si elle est bien nommée, ne relève que de l'intérieur-subjectif. Elle n'est pas du tout un pont.

Quand il associe la causalité à l'extérieur-objectif et la finalité à l'intérieur-subjectif, Favre a une petite lueur mais cette lueur n'éclaire pas grand chose de discernable.

Vous dites : "Il critique les sciences humaines en disant que ce ne sont pas des sciences, mais des religions (ex: freudisme) invérifiables."

C'est vaste, les sciences humaines. Il les met toutes dans le même sac? La sociologie, le droit, l'histoire, l'histoire de l'art, ce sont des religions? Ce sont plus des religions que sa "science des significations"? Je n'ai pas du tout cette impression.

Favre-Philippe : "...d'où l'utilité de créer une vraie science de la finalité qui..."

Souhaiter créer une vraie science de l'intérieur-subjectif est tout à fait louable. Aucun doute que ça serait utile. Mais je doute que l'approche de Fabre ait la moindre chance le déboucher sur autre chose qu'un souhait.

Philippe : "Favre définit 4 quadrants pour une signification.
1 - la perception.
2 - la conception et le projet
3 - l'imaginaire
4 - l'action"

Je vois-là une sorte de découpage flou et schématique des opérations sensorimotrices (vécues subjectivement). En particulier, je saisis mal l'ordre des quadrants 2 et 3. Vous mettez les concepts, les modèles, les projets dans le 2, puis vous mettez les pulsions dans le 3. Ça me paraît un peu arbitraire.

L'exemple que vous donnez (les chaussures dans la vitrine) n'éclaircit pas grand chose. C'est sensé décortiquer les opérations mentales qui génèrent un output-action à partir d'un input-sensation. La bouchée est grosse et l'exemple est pointu. Et je vois mal pourquoi vous remplissez les quadrants 2 et 3 comme vous le faites, plutôt qu'à l'inverse.

Aussi, les bouts suivants me font un tipeu grimacer :
"Je modifie mon Soi par rétro PK"
"Je modifie mon passé interne (auto rétro PK) pour me constituer un nouveau Soi."
"La complexification (passage du big bang aux molécules, cellules, animaux, etc), je crois que Favre l'explique par les multiples retro PK que chaque moi (particule, système quelconque) fait sur lui-même."

J'ai l'impression que Favre essaie d'utiliser une baguette magique. Que signifie le PK? Psychokinésie? Quand on modifie son Soi par rétro PK, on le modifie par psychokinésie inversée? Par un effet (non défini) de la matière sur l'esprit plutôt que de l'esprit sur la matière? Peut-on vraiment appeler ça une "explication"?

Non seulement ça me paraît très loin d'expliquer quelque chose, ça me paraît même loin de simplement décrire quoi que ce soit.

Bref, toute l'affaire m'a une grosse allure de pseudoscience 24 carats. Du verbiage sur du verbiage, sans la moindre amorce d'idée de vérification. Et le bout qui est authentiquement de Favre est loin d'arranger les choses.

Philippe : "A partir de maintenant, on peut aborder des thèmes scientifiques présents dans ces textes..."

Des thèmes scientifiques? Vous en voyez, vous? Moi, je n'en vois pas l'ombre. Pour que ce soit scientifique, il faudrait, à tout le moins,
1 - Que ce soit moins universellement et désespérément flou.
2 - Que ça donne minimalement prise à une forme de "vérification expérimentale" (ou au moins objective) qui permette de séparer l'ivraie du bon grain. Et d'aller plus loin que seulement des évocations floues mêlées de structurite bysantine.

Philippe : "Je serai intéressé de savoir quelle est l'explication la plus courante chez les scientifiques de ce phénomène."

De quel phénomène parlez-vous? De la façon dont l'intérieur-subjectif et l'extérieur-objectif interagissent l'un sur l'autre? Je ne crois pas que ce soit convenablement expliqué par la science. Mais je pense que c'est encore moins bien expliqué par les pseudosciences.

Je considère que c'est encore presque partout "terra incognita" et je serais surpris que l'approche de Favre débouche sur quoi que ce soit d'à la fois utile et innovateur.

Mais si vous avez un point réellement scientifique (plutôt que poético-ésotérique) à discuter, je veux bien essayer de penser avec vous là-dessus.

Denis

--modified at Tue, Dec 31, 2002, 02:32:11


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