Logique de fauteuil. Si Paul était noir, et Pierre, Jean et Jacques blancs, ça changerait les choses un tipeu, non? Dans ce cas, y aurait-il une autre possibilité que a)conspiration entre les agresseurs; b) faute à Paul?
Cela dit, il faudrait peut-être explorer la définition de «responsable» dans ce cas. Ça pourrait être une enfilade intéressante. Il ne fait aucun doute qu'il y a toujours <I>interaction</I> entre la victime et l'agresseur. Jusqu'à quel point cette interaction peut-elle être qualifiée de «responsabilité» du côté victime?
Cas 1: A envoie chier B. B l'attaque et lui casse les deux jambes. A est-il responsable de sa victimisation?
Cas 2: Une femme résiste à une agression sexuelle, ce à quoi l'agresseur répond en lui tapant dessus. Cette femme est-elle responsable de s'être fait tabasser?
Cas 3: Un homme, réputé sorcier, en profite pour avoir un ascendant sur les autres. Un jour, un groupe de voisins l'attaquent et le tuent parce qu'ils croient être victimes d'un sort. Est-ce un suicide?
Cas 4: vous marchez dans un parc, on vous saute dessus. Votre faute, puisque vous auriez pu être tranquillement assis devant la télé?
Évidemment on pourrait parler de «responsabilité partagée». Mais en langage commun quand on dit «responsabilité» il me semble qu'on veut dire, «faute», qu'on cherche à déposer le fardeau quelque part. Le message de V était clair: les Juifs <I>provoquent</I> contre eux-mêmes des réactions violentes de gens autrement paisibles et tolérants. Je ne pense pas qu'il voulait discuter du rôle des Judenrat dans la solution finale ou de la relation d'Adolf Eichmann avec le Dr. Lowenherz durant l'«évacuation» des Juifs de Vienne. Le message était gros, épais et stupide.
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