Tu as parfaitement raison. En fait on dirait bien qu'une large portion de l'effet émotif provient précisément de la familiarité au format et au contenu. C'est facile à constater avec la musique populaire, de même qu'avec la télé: les séries auquelles les gens s'attachent le plus sont en général les moins originales. Et quand on s'attache à une série on panique quand elle est retirée de l'horaire, comme si jamais rien ne pourrait la remplacer. Non, je pense qu'en général l'originalité ça ne soulève qu'une émotion: la peur. Les gens ont peur du nouveau. Par contre le réchauffé marche à tout coup. On ouvre la boîte d'émotions et les gens sortent leurs kleenex. Tout comme si les émotions étaient des boutons culturellements déterminés qu'il s'agissait de presser au bon moment. C'est pourquoi la culture populaire peut être si facilement transformée en produit industriel.
Là où l'originalité devient importante c'est devant des gens qui en ayant étendu leurs connaissances, comprennent mieux les nuances du language (disons, musical) utilisé et sont donc capables de «déchiffrer» une oeuvre non-conventionnelle (plus) facilement pour arriver à son contenu émotionel. Donc, pour les gens qui réfléchissent, justement. Attention: je fais bien attention de ne pas sombrer dans un élitisme simpliste. Même ici, on retourne à la familiarité, ne serait-ce qu'à travers l'habitude d'être confronté à des pièces difficiles. Vous arrive-t-il d'avoir à écouter une pièce plusieurs fois avant de la «comprendre»? Moi oui: j'ai bien dû écouter le concerto pour flûte de Nielsen 5-6 fois avant de ne plus le trouver douloureusement plate. Maintenant j'adore. Enfin, peut-être que mon «âme» est paresseuse.
De toute manière, que tout ceci soit empiriquement démontrable ou non, je crois que ça perce assez de trous dans le système-Gene pour qu'il s'écroule lamentablement (s'il s'est jamais tenu debout), puisque ça démontre aisément que sa suite logique est beaucoup moins solide qu'il croit.