Ce qui m’a le plus amusé, c’est cette pirouette maladroite où tu affirmes que, même si ta conception de la création n’est valable que pour la musique, c’est déjà suffisant pour soutenir ton discours...
Non. Les choses ne marchent pas comme ça. Contrairement à ce que dit un stupide dicton populaire, l’exception ne confirme pas la règle : l’exception détruit la règle, toujours. Si ton modèle pour rendre compte de la créativité n’est pas applicable à tous les arts, il est faux, sans le moindre doute. Je ne sais si le modèle que j’ai présenté est juste, mais au moins il a valeur d’hypothèse, il est applicable aussi bien à la musique qu’aux beaux-arts. Le tien, étant en totale contradiction avec la réalité en ce qui concerne les beaux-arts, n’a même pas valeur d’hypothèse. Ou alors il te faudra réduire la définition de la créativité à la musique, ce qui est absurde. Là encore, il y a dissonance cognitive : redéfinir les termes de façon à ce qu’ils soient en accord avec nos croyances est le procédé le plus basique permettant d’ignorer les faits pour faire entrer de force le réel dans nos modèles.
Encore une bien belle fuite passant par la redéfinition aléatoire des termes : quand tu insistes pour reprendre l’exemple des musiques composées par des programmes d’ordinateurs “sans âme”... Il faudrait savoir ce que tu appelles créativité. C’est fou, on en parle depuis le début, mais on ne sait toujours pas de quoi tu veux parler. Ta définition change comme ça t’arrange, en fonction des arguments de tes adversaires. Au début, tu en parlais comme si la créativité consistait à faire des oeuvres originales, qui ne ressemblent à rien de déjà connu. Mais que je me serve de cette définition pour te montrer que les musiques aléatoires sont, selon ce critère, de vraies créations, et tu me sors que non, car elles n’ont pas d’âme. Faudrait savoir : la création, c’est l’originalité où l’âme ?
Parce que pour ce qui est de l’âme, désolé mais je ne vois vraiment pas quel rapport ça a avec la créativité. Il suffit d’allumer la radio à n’importe quel moment de la journée, sur une station commerciale, pour entendre de la soupe dénuée de la moindre originalité mais pourtant parfois émouvante, donc ayant une “âme” (ex: Céline Dion, Goldman, ou les Stones qui composent indéfiniment le même titre depuis 30 ans). Rien à voire avec la créativité*.
D’autre part, tu fais encore une bien belle tautologie en redéfinissant la créativité comme la musique qui a une âme, pour te servir ensuite de ça comme indice en faveur de l’existence de l’âme... Ce raisonnement n’a aucune valeur.
L’ensemble de tes messages est construit sur un tissu de confusions de ce genre. Systématiquement , tu ignores les faits qui ne cadrent pas avec ton modèle, ou tu les exprimes de façon assez floue pour qu’il ne soient plus gênants, ou tu redéfinis les termes de façon erronée pour qu’ils soient en accord avec ton idée. Il n’y a aucune cohérence, aucune logique dans ton discours - sauf quand il est tautologique.
Gaël.
*Personnellement j'aime beaucoup (entre autres) la musique ancienne et la musique religieuse. Je trouve celle-ci est très émouvante, mais pourtant elle est construite sur certaines règles bien strictes qui lui retire presque toute possibilité d'être originale. Même chez des compositeurs contemporains de musique religieuse (peut-être connais-tu Arvo Part, par exemple), relativement détachés de ces règles, on trouve autant d'émotion mais peu de nouveauté. La musique d'Arvo Part est largement un mélange de musique serielle et de musique religieuse, et c'est là la seule originalité.
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