Ceci implique qu'il n'existe pas de «don» pour l'enseignement; pas plus que pour l'apprentissage, comme je le suggerais. Pourquoi pas? Eh bien, il me semble que si vous admettiez leur existence, c'est l'existence des autres dons qui s'évaporerait. Il y a un paradoxe fondamental là-dedans.
Et comment se fait-il qu'on soit soudainement incapable de créer de l'inédit, alors qu'il y a deux secondes vous affirmiez que la création radicale et les «dons» spontanés sont la base de toute culture? Votre barque est non seulement pleine de trous, elle est carrément au fond, mon vieux.
Par ailleurs, je répète, INUTILE de nous dire que les individus ont des habiletés différentes ni de multiplier les exemples. C'est archi clair, en partie grâce à vos interventions dans ce forum.
Les anciens Grecs croyaient qu'à sa création une âme était dotée de toute la connaissance de l'univers, mais qu'on oubliait tout à la naissance. En méditant--et à l'aide de muses--on pouvait toutefois «se souvenir» de certaines choses. Le mot pour «mémoire» était d'ailleurs «non-oubli» (a-letheia).
Ça ressemble pas mal à votre affaire, non? Enfin, de toute évidence c'est un système pré-scientifique. C'est un système qui suppose que la «vraie» connaissance provient de l'intérieur et non de l'observation. En évoluant un peu, on se retrouve avec la caverne de Platon, où l'observation est en fait *nuisible* à la vraie connaissance car elle nous en détourne.
Si c'est ce que vous prônez, tant (mieux) pis pour vous. Sauf que vous devriez vous apercevoir que vous n'avez aucun terrain de discussion avec les sceptiques et le monde scientifique en général.
Personne ne nie que nous ne sommes pas tous également pourvus au niveau des aptitudes (et personne ne nie non plus que dans la connaissance populaire on se réfère souvent à ces différences en utilisant le mot «don»). Là où vous vous cassez la margoulette, c'est dans l'échafaudage complexe, arbitraire et beaucoup trop fragile que vous sortez de cette très simple constatation.
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