Mirages a écrit : 10 juin 2025, 12:19Prenez le comme un défi !

Si vous voulez vérifier une hypothèse, il faut un moyen de la montrer fausse par l'observation (i.e., de la réfuter). Il faut que cette hypothèse permette une observation qui l'invaliderait. Par exemple, si vous posez l'hypothèse que le chat est dans le salon vous pouvez la vérifier en regardant dans le salon:
- si le chat y est bien visible, vous avez vérifié votre hypothèse;
- si le chat n'y est pas visible:
-- soit il y est mais il est caché;
-- soit il est dans une autre pièce (ou dehors).
Ce cas est trivial mais il montre que votre hypothèse laisse place à une alternative à "le chat est dans le salon".
En science, il est souvent question d'hypothèses sur des questions dont la réponse est plus ou moins facile à trancher. Exemple simple: si vous avez deux populations de poissons, chacune dans un lac, et que vous supposez que la population du lac A est en moyenne moins grande que la population du lac B, vous avez un moyen d'invalider votre hypothèse en mesurant la taille d'échantillons représentatifs de chaque lac et en les comparant (avec test statistique). Exemple plus complexe: vous postulez que la lumière peut être déviée par des corps massifs et offrez un corpus théorique précis (i.e., mathématique) permettant de mesurer de combien cette déviation devrait être dans tel ou tel cas... et quelques années plus tard
quelqu'un pourra la faire les expériences pour vérifier votre hypothèse. Mais cela est possible parce que l'hypothèse contient la possibilité d'être invalidée: on aurait très bien pu ne pas voir de déviation de la lumière ou observer une déviation qui ne correspond pas à ce que vous prédisiez. Et si vous vous étiez borné à dire que la lumière peut être déviée par un corps massif mais sans dire de combien ni même offrir une raison de le penser, l'hypothèse serait restée invérifiable (ou non-vérifiée).
Maintenant, certaines hypothèses sont conçues rhétoriquement pour ne pas être vérifiables, un des exemples pédagogiques classiques est celui du
dragon dans le garage de Sagan-Dryuan. Ce genre d'hypothèse est blindé contre la possibilité de vérification empirique par des restrictions artificielles qui font qu'aucune observation ne peut les invalider. Les hypothèses faisant intervenir des entités paranormales/surnaturelles (dieux, fantômes, fées, etc.) sont de ce type parce que, comme personne ne connait rien sur ces entités, il est facile pour un "tenant" d'adapter sa rhétorique pour leur prêter les propriétés dont il a besoin pour maintenir l'hypothèse de leur existence en dépit des faits.
L'hypothèse de shisha ne se vérifie pas parce que c'est une pure expérience de pensée qui ne s'ancre pas du tout dans le réel. Il n'existe aucune observation qui permette d'envisager un moyen d'invalider son truc de "l'apparition acausale des choses" et lui-même ne propose aucun corpus théorique approfondi: juste une argumentation sémantique qui pourrait très bien ne pas s'appliquer au problème. Il a beaucoup s'imaginer qu'elle est logique, ça n'est pas vraiment le cas.
Jean-François