Shonner, Gaël, Bertrand : vos échanges de ce lundi 19 juillet sont comme une réponse à mon ancien appel sur scepticisme/rationalisme, d'où ce petit bonjour sur le forum où je ne suis plus en mesure d'intervenir actuellement : mais je lis (en fait on lit pour moi). Gaël a aussitôt soulevé le problème essentiel du QI : que mesure-t-on sous le nom d'intelligence? La première intervention de JG contenait clairement le problème, sans le savoir peut-être, en assimilant fort QI/sceptiques/plus brillants. Si la chose pouvait vous être utile à poursuivre ce débat que je voudrais continuer de lire, voici une suggestion : étant donnée la forme prise par la question après toutes ces interventions, peut-être que la distinction à utiliser pour cette occasion correspondrait à une grille de trois intelligences : celle de bricolage, celle de débrouillardise, en fin celle que nous dirions rationaliste ( ce mot est mal reçu à notre époque, mais dire "rationnelle" aurait posé que les deux autres ne sont pas rationnelles, ce qui peut être faux ou vrai ) . Le terme de bricolage est ici emprunté à C. Lévi-Strauss qui l'utilise pour définir le travail de la raison dans la recomposition mythique, lorsque plusieurs mythologies se rencontrent : mais aussi bien pourrions nous ajouter dans d'autres rencontres culturelle, et peut-être que cette catégorie s'appliquerait à ce qu'évoque Bertrand, avec nouvel âge et pseudosciences. La "débrouillardise" qualifierait une forme d'intelligence qui peut correspondre à des figures" brillantes", pour reprendre le terme de JG, elle est particulièrement liée -- dans mon esprit : ici je ne me réfère plus à Lévi-Strauss -- à la notion de réussite sociale. Il faut remarquer que la troisième peut exister quasiment sans les deux autres, c'est ce que voulait sans doute dire entre autres choses je ne sais plus qui avec à peu près cette formule : <plus un être est intelligent, et moins il a de chance de réussir par tâtonnements>. Les deux premières catégories que je propose peuvent comporter une grande intelligence du tâtonnement, qui par accumulation empirique développe une grande puissance stratégique : on peut réaliser assez facilement je crois une telle démarche avec des machines, en intelligence artificielle. Dès lors, considérons dans une mesure de QI la partie qui sollicite la reconnaissance de formes , la recheche du semblable dans du divers à première vue : les trois intelligences proposées sont concernées, sans aucun rapport avec un esprit sceptique. Ou bien encore, considérons une épreuve qui consiste à opérer des collages ( le bricolage de Lévi-Strauss, à partir de la notion de réemploi) dans une structure -- comme pour un puzzle-- : on peut faire la même réflexion. Bref à première vue le lien, et donc une réponse à la question de JG, me paraît difficile. D'où cette seconde suggestion : peut-être faut-il considérer le scepticisme non comme une donnée première, mais comme une conséquence de ce que nous pourrions appeler le besoin de démonstration. ( Une référence historique peut-être : ce qu'inventent les grecs, par rapport à la mythologie mais aussi l'ensemble culturel, y compris "sciences" et techniques de civilisations comme l'Egypte et la Mésopotamie, c'est finalement d'abord et surtout : la démonstration.) Alors on ne choisit pas d'être sceptique, on choisit l'exigence de démonstration, ce qui conduit bien vite au scepticisme . En espérant que cette petite improvisation me vaudra le plaisir de lire la suite de votre débat sur ce sujet, très amicalement, rené.