1. incapacité de se conformer aux normes sociales qui déterminent les comportements légaux, comme l'indique la répétition de comportements passibles d'arrestation
2. tendance à tromper par profit ou par plaisir, indiquée par des mensonges répétés, l'utilisation de pseudonymes ou des escroqueries
3. impulsivité ou incapacité à planifier à l'avance
4. irritabilité ou agressivité, indiquées par la répétition de bagarres ou d'agressions
5. mépris inconsidéré pour sa sécurité ou celle d'autrui
6. irresponsabilité persistante, indiquée par l'incapacité répétée d'assumer un emploi stable ou d'honorer des obligations financières 7. absence de remords, indiquée par le fait d'être indifférent ou de se justifier après avoir blessé, maltraité ou volé autrui
(DSM IV)
Évidemment le critère 1 ne fait pas de doute. Mais je crois qu'on peut facilement y ajouter 2 et 4, ce qui fait bien 3 sur 6; en fait je pense qu'en forçant l'imagination on pourrait y ajouter 6 également, ce qui ferait 4 éléments sur 6. Il y a donc un facteur tautologique important.
Je ne dis pas qu'il y ait un problème avec le diagnostic de personalité antisociale (enfin, peut-être le dirai-je dans une autre discussion). Ce que je dis c'est qu'au niveau de la délinquance on méprend le comportement pour la personnalité et donc que la prédiction est entièrement circulaire.
Je n'ai pas le goût de parler du PCL (pourquoi pas le LSI, qui semble meilleur?). Ce n'était pas vraiment le but du message. Mon exemple du DSM était drôle (bin, disons drôle jaune), ce qui n'est pas du tout le cas du PCL, qui lui est carrément dangereux. On propose même aujourd'hui de l'utiliser en cour, ce qui serait absolument inacceptable, vous en conviendrez sans doute. Il y a une différence entre faire un diagnostic à but thérapeutique et en faire un qui serve à remplacer des principes pénologiques. Mais de toute façon, le PCL est basé sur l'observation en milieu carcéral. Ce n'est pas une mesure objective mais bien une systématisation du jugement de l'expert -- qui sait déjà que le meilleur facteur prédictif de délinquance est la délinquance présente. Il y a donc un peu de la même circularité présente dans le DSM. De plus, parce que son taux de corrélation avec la récidive est de 28% (ce qui est bon, scientifiquement parlant) son efficacité empirique est utilisée pour légitimer d'autres outils beaucoup moins fiables qui eux sont utilisés pour le 90% qui reste (crimes sans violence par exemple, ou sexuels où le PCL échoue lamentablement). Vous allez me dire, mais non, les psy ne feraient jamais une chose pareille! Réponse, bin oui, ils le font tous les jours de la semaine. Ils doivent manoeuvrer dans un système qui exige des prédictions.
Mais, la question était, est-ce que les psy ont un contrôle quelque part dans la société, et je répondais oui, dans le milieu carcéral -- pour le meilleur comme pour le pire.
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