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Trois approches


Re: Zèbre atypique? -- Jean-Francois
Posté par Denis , Aug 28,2002,15:42 Index  Forum

Salut JF

Tu dis : "Un zèbre albinos, c'est un zèbre (...) qui a veillé tard."

Si tu l'dis, je veux bien en faire une de mes convictions. C'est pratique de t'avoir sous la main. Ça me permets d'arriver tout de suite à la bonne réponse sans avoir à me creuser les méninges. À quoi bon raisonner deux fois. Une fois suffit. Merci de t'en être chargé et de partager les précieux fruits de ton labeur. ;-)

Ils ont veillé tard? No problemo.

Tu dis aussi : "Pour en revenir à la discussion, tu ne trouves pas que la notion de race demande beaucoup d'ajustements pour être appliquée?"

Pleinement d'accord. Le constat brut qu'on peut aisément "démêler" (beaucoup mieux qu'au hasard) qui vient de Pékin, Paris ou Kinshasa dans un échantillon mêlé, n'est pas la découverte du millénaire. C'est loin d'épuiser le sujet de la diversité génétique de l'espèce humaine. Ça manque de finesse, d'ajustements, comme tu dis, si on veut entrer le moindrement dans les "applications".

Tiens, une comparaison. Une autre expérience de l'esprit. Si on me présentait 10 tableaux de Rembrandt, 10 de Gauguin et 10 de Kandinsky, je pense que je n'aurais pas trop de mal à les classer correctement selon l'auteur. Simplement à l'oeil. J'aurais certainement au moins 28/30, ce qui, statistiquement, démontre amplement que les styles de ces trois peintres sont distinguables. Sans avoir à les définir.

Même chose avec 30 extraits musicaux (au piano) de, disons, Chopin, Bach et Prokofieff. Je serais très surpris de taper moins que 95%. À l'oreille, cette fois, plutôt qu'à l'oeil, 'videmment. Sans avoir à mesurer quoi que ce soit ni rien avoir à "ajuster".

Au sujet des races, si on tient à ajuster quelque chose, je vois trois avenues, toutes trois lourdement entachées d'arbitraire.

1 - Approche morphologique. On effectue plein de mesures sur chaque individu (longueur du fémur, albédo de la peau, distance entre les genoux, etc.) et on identifie les principaux "clusters" présents dans les données. Ce n'est pas simple. Il y a une infinité de façons de traiter les variables pour définir une "distance morphologique" entre l'individu X et l'individu Y (ou entre le cluster-race A et le cluster-race B). J'estime toutefois qu'en ne considérant que les variables "albedo de la peau" et "bridage des yeux", on obtiendrait aisément un score de 270/300 dans l'expérience Pékin-Paris-Kinshasa.

Pour l'expérience Chopin-Bach-Prokofieff, je serais bien embêté de définir les paramètres abstraits qui seraient utiles au classement. Le style artistique touche plus le qualitatif-émotif que le quantitatif des sciences exactes.

2 - Approche génétique. On entend souvent dire que l'homme et le chimpanzé ont ~99% de leur code génétique en commun. Entre toi et moi, c'est peut-être 99.99%. Entre moi et Mugabe ou Mao, c'est peut-être 99.95%. Entre Mugabe et Louis Armstrong, c'est peut-être 99.98%. Là encore, je vois des distances et des clusters raciaux.

Évidemment, ce n'est pas simple. Entre le code génétique (avec plein de bouts redondants ou inopérants et, ailleurs, un seul "bit" aux effets décisifs) et la morphologie de l'individu adulte, la fonction n'est pas claire.

3 - Approche généalogique. Entre les individus X et Y, on peut certainement définir une "distance généalogique" en quantifiant le "taux d'intersection" de leurs arbres généalogiques, en donnant plus de "poids" au passé récent qu'au passé lointain (rendu à l'ordovicien, le poids serait nul depuis longtemps). Là encore je pense qu'on trouverait des clusters et que je serais généalogiquement plus près de Victor Hugo que de Ben Laden.

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Reste à savoir si ces trois approches, "correctement" précisées, mèneraient à des cartes de la diversité humaine qui seraient voisines les unes des autres... Je ne vois pas pourquoi ce ne serait pas le cas.

Pour les applications, on verra ça un autre tantôt.

Denis

--modified at Wed, Aug 28, 2002, 15:46:44


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