Petite précision sur la théorie de Hebb. C'est la consolidation des connexions entre les neurones responsables de la perception d'une sensation qui fait passer la trace de cette sensation de la mémoire à court terme à la mémoire à long terme. La perception d'un stimulus active un certain circuit de neurones interreliés. Tant que l'influx nerveux persiste dans ce circuit (que Hebb appelle un engramme), il reste une trace de la sensation (c'est à dire un souvenir). Si l'activation de l'influx dans ce circuit est répétée suffisamment de fois, il se produit une sorte de consolidation des connexions entre les neuronnes de l'engramme (cette consolidation des connexions a été démontrée). L'élément mémorisé passe alors de la mémoire à court terme à la mémoire à long terme. Par la suite, il suffit d'activer n'importe quelle cellule de l'engramme pour activer tout le circuit et donc produire le souvenir correspondant à ce circuit. Comme chacune des cellules de l'engramme peut être reliée à une ou plusieurs cellules d'autres engrammes, l'activité du circuit peut entraîner l'activité des autres engrammes reliés à celui-ci. Un souvenir en amène d'autres qui eux-mêmes en font surgir d'autres, etc. Enfin, remarque qu'il ne s'agit que d'une hypothèse.
Il me semble que pour qu'il y ait conscience, il faut que le cerveau soit à même de procéder à un traitement "supérieur" de l'information qu'il perçoit et emmagasine. Je ne peux imaginer qu'il y ait conscience dans un comportement du type stimulus-réponse où le neurone sensitif transmet avec très peu d'intermédiaires son information au neurone moteur. Il me semble que pour qu'il y ait conscience, il faut nécessairement que le cerveau ait emmagasiné suffisamment d'informations et qu'il soit en mesure de les traiter afin de pouvoir se faire une représentatrion cohérente du monde qui l'entoure et de sa position dans ce monde (conscience du soi). Cette faculté nécessite un cerveau très puissant. Mais tout le problème tient à la définition que l'on donne au mot conscience. Personnellement, je serais bien en peine d'en donner une définition précise.
Pour ce qui est de l'expérience que tu proposes, observer les conséquences de lésions cérébrales, c'est là la plus ancienne méthode d'investigation utilisée dans la recherche en neurologie. La littérature médicale rapporte en détail des milliers de cas de lésions et des conséquences de ces lésions. Et on a mis au point de nombreuses autres techniques pour faire ces études. Si la chose t'intéresse, tu peux jeter un coup d'oeil sur mon site à:
http://dionysos.ulaval.ca/dgfc/BIO-90192/chap6/eegirm.htm
Grâce à ces techniques, on sait aujourd'hui où sont localisées la plupart des fonctions cérébrales de base, où les images sont analysées, où la parole est élaborée, ou les mouvements sont initiés. On connaît aussi les zones responsables des réponses émotives. Cependant, de larges zones, qualifiées de non spécifiques, ne semblent pas être reliées à des fonctions précises (aires pariétales et frontales). Ces zones recueilleraient toutes les informations et les assembleraient en un tout cohérent, elles seraient responsables de notre représentation du monde et d'une certaine manière de la conscience. Ce sont évidemment les humains qui possèdent la plus haute proportion d'aires non spécifiques par rapport aux autres aires de tout le monde animal.
Je ne comprend pas ce que tu veux dire lorsque tu écris: "Si la somme des caractéristiques du cerveau déduites des études de traumas correspond à l'ensemble des caractéristiques de la conscience définie par ses usagers, on aura démontré qu'il n'y a pas grand chose d'autre que ce qui provient du cerveau."
Gilles
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