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Re: Le Nobel de la paix (suite)


Re: Le Nobel de la paix (suite) -- Jacquou
Posté par Stéphane , Mar 09,2003,09:32 Index  Forum


1) Wiesel: a droit à son opinion, qui est que Saddam s'apprête à commettre des millions de meurtres, et donc que tuer quelques dizaines de milliers pour l'en empêcher est justifiable (entrevue récente à la télé.). C'est ni transcendant, ni trop intelligent comme logique; et ça cadre assez mal avec les faits. Pour le reste votre argument fait appel à l'autorité, ce qui n'est jamais convainquant.

2) Sceptiques et principes moraux: vous nagez dans le paradoxe, là. Vous voulez que les sceptiques se prononcent en faveur d'une guerre, mais à la fois vous leur niez toute bonne raison d'avoir une opinion. Ce paradoxe se règlerait de lui-même si vous acceptiez qu'il soit possible d'avoir une morale sans transcendance. Vous n'êtes pas le premier à nous servir la fameuse immoralité ou amoralité sceptique -- jusqu'à la platitude de l'évolution (franchement!). Ça ne vole pas très haut, et surtout c'est très mal informé. Je vous suggère le Projet de paix perpétuelle de Kant, pour commencer. Côté moralité c'est un tantinet mieux foutu que Sade (!). Ensuite vous irez voir Rawls et Habermas, et puis revenez j'ai d'autres suggestions.

3) Être contre l'administration Bush -- comme 60%+ des étatsuniens sur le point de la guerre sans l'ONU, par exemple -- c'est pas être anti-étatsunien. Nuance importante. C'est pas être pro-Saddam non plus, voyons. Tout le monde sait bien que Saddam est un chien sale. Ceci n'empêche pas un individu pensant de se prononcer contre la guerre, tout de même. La guerre, c'est une autre paire de manches entièrement. Si vous aimez la guerre, tant mieux pour vous, vous allez être servi. Mais ne nous bourrez pas le mou avec des «lois naturelles». Dites simplement, «je veux qu'on pète la gueule aux Irakiens».

4) Vos deux derniers paragraphes s'approchent du délire. Faudrait clarifier, ou y aller mollo sur l'espresso triple. Ou vous dites, «il est bien de se plier aux lois naturelles, et les sceptiques ont tort de se plaindre» ou vous dites, «il est bien d'aller en guerre pour des principes transcendants, et les sceptiques, qui n'y croient pas, doivent se fermer la gueule». Mais pas les deux à la fois!


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