Le côté pathologique est à considérer lorsque le fonctionnement de l'individu dans sa vie quotidienne est altéré par ses croyances plus ou moins irrationnelles et les comportements qu'elles induisent.
Les sensations de visions, contacts avec des membres de la famille récemment décédées, sorties de son corps etc. sont en fait très fréquentes et corrélées avec des situations physiques et émotionnelles assez bien répertoriées: faim, fatigue, stress physiques, effets secondaires de substances chimiques (médicaments comme drogues), choc émotionnel, états anxieux. Pour la plupart des gens, il s'agit de situations passagères mais si elles perdurent et s'ajoutent à une propension à une croyance très forte en le "paranormal", on arrive à une situation pathologique, où la réalité est remplacée par les croyances en question.
L'exemple de Brugger avec les alpinistes en manque d'oxygène est tout à fait caractéristique. Montreider a illustré le cas des effets secondaires des opioïdes. J'ai fait l'expérience à de nombreuses reprises de "visions" lorsque je faisais de la voile en haute mer: lors de quarts de nuit, on se concentre sur le compas mais on est si fatigué, gelé, humide, anxieux, que l'on se retrouve dans un état entre veille et sommeil, les yeux fixés sur le cap à tenir, à lutter contre l'endormissement. A ce moment, tout changement dans le rythme des vagues, tout bruit, phosphorescence dans la mer, etc., sont perçus de façon très bizarre. Certaines "visions" étaient très belles (phosphorescence, lumières, sensations de voir les étoiles très rapprochées, discussions avec des gens), ou franchement délirantes, mèlant ce que je voyais dans mon état de semi-sommeil et des évènements passés, des lieux lointains (ça fait vraiment drôle de se "sentir", odeurs comprises, au milieu d'une ville du Tamil-Nadu, alors qu'il y a toujours une petite part de soi qui se dit en permanence "cap au 230". J'ai repensé à ce moment à l'album de BD "Le vaisseau de pierre"). Il m'était impossible de dire si j'étais restée éveillée (ce qui devait être suffisamment le cas puisque j'étais capable de garder le cap). Heureusement, je ne crois pas au triangle des Bermudes et ce genre de phénomènes (que je ne recherche ni ne crains d'ailleurs, sachant ce qu'ils sont en réalité) ne s'est jamais reproduit en dehors des conditions de stress décrites ci-dessus.
Ce qui nous ramène à l'éducation. Il est certain qu'une propension à croire au paranormal ne peut qu'être renforcée par de telles expériences. Lorsqu'on y ajoute l'éducation, entre autres scientifique, déficiente qu'a reçue la majorité de la population, difficile de faire comprendre à quel point tout cela est irrationnel.
Si on empile par dessus un désir certain de se rendre intéressant ou tout au moins de se démarquer de la grisaille de la vie quotidienne, on arrive à des Gene :-).
Quand on y retrouve une dépression, un choc post-traumatique, un deuil mal vécu, assortis souvent d'une recherche en spiritualité sous l'égide de dieu sait quel gourou exploiteur, on se retrouve en situation pathologique, où toute l'identité de la personne,l'explication de toute sa vie, malheurs compris, sont concentrés dans et filtrés par les croyances irrationnelles et la réalité est farouchement niée.
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