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Re:Positivisme et langage : une explication à la croyance au paranormal


Re: Positivisme et langage : une explication à la croyance au paranormal -- Isabelle
Postée par Stéphane , May 11,1999,12:14 Index  Forum

Ton analyse est vachement intéressante, tu devrais passer plus souvent. En passant, il me semble qu'il y aurait lieu de nuancer le "positivisme" qui veut dire bien des choses. Comte, par exemple, part du discours de type scientifique pour se fourrer le doigt dans l'oeil jusqu'au coude. Il transforma une logique scientifique (embryonnaire, mais enfin) en une espèce de religion. Par contre, si on utilise "positivisme" comme "naturalisme", la question se transforme un peu. Un positiviste "logique" serait quelqu'un qui part du point de vue que la métaphysique, dès le départ, n'a rien à voir avec la nature, qu'il s'agit plutôt d'un discours socio-ethico-politique à *saveur* naturelle. Toute métaphysique est donc superflue à l'explication du monde naturel. Il me semble que si c'était là l'attitude prévalente, les "forces telluriques" (et autres "énergies") disparaîtraient plutôt vite.
Cela dit, il est clair que notre compréhension spontanée du language n'est pas basée sur Saussure et al et reste fondée sur un concept plutôt simpliste de la "vérité." Pourtant, il y a comme deux réflexes opposés: d'un côté, on accepte que les gens fassent des expériences différentes de la même réalité, puisqu'on est confronté régulièrement à des interprétations différentes de faits qu'on croyait établis; donc, on sait spontanément qu'il y a eu interprétation individuelle. De l'autre, on continue de croire que ceci n'est dû qu'à quelques défauts mineurs de communication, ou à un manque d'information, qu'en fin de compte les sens et le cerveau humain sont capables d'expérience directe, d'observation simple de la réalité (i.e. sans organisation systématique dans une théorie logico-rationelle préalable). C'est bien pratique pour ceux qui trouvent que la théorie, c'est trop difficile -- et inutile, puisqu'il suffit d'ouvrir la fenêtre et de regarder dehors pour faire l'expérience du monde.
Enfin, je divague un peu. Mais si ça se trouve, le scepticisme peut user du premier réflexe pour conditionner le second.

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