Postée par Jean-Francois , Aug 18,1999,11:55 | Index | Forum |
C'est ça qui est discutable. MT a tiré beaucoup d'argent de son "image de marque", beaucoup de dons, dont la majeure partie ne serait pas allée vers les pauvres (qui sont pourtant ceux qui ont "attiré" ces dons) mais vers la congrégation de MT et l'église. En plus clair, il apparaît que MT aurait fait des détournements de fonds - peut-être même volontairement - sur les dons récoltés grâce à des images misérabilisantes de la misère à Calcuta. C'est une tache qui ne serait pas mineure sur le CV d'une "sainte". M. Chatterjee prends les exemples des dispensaires et autres établissements (il faut noter que les marges sont grandes entre les chiffres que MT avance et ceux qu'il a receuillis), pour souligner ce point, mais d'autres (dont une ex-Soeur de la Charité) ont relevé des "erreurs de gestion" (imprécisions?) similaires, souvent importantes (entre les dons receuillis et les services offerts, par exemple).
Et je crois que oui!, on peut lui reprocher d'avoir privilégier son confort et celui de ces consoeurs, aux détriments de la salubrité de ses dispensaires et du peu (en proportion des dons) de médicaments que ses missionnaires distribuent. (Sans parler de ces très nombreux voyages à l'étranger, qui n'ont pas tous été des modèles d'humilité.) Cette façon de faire tient beaucoup plus de l'image des "bons missionnaires civilisés chez les sauvages" que d'une charité basée sur le respect des autres.
Un autre point qui m'apparait important est celui de la quasi-indifférence des indiens envers son "oeuvre". Si, vraiment, elle avait réalisé une charité aussi juste, efficace et sincère que celle clamée, il aurait été impossible qu'ils ne la reconnaissent pas comme une personnalité importante. Au lieu de ça, ça tient de l'indifférence totale (ou de la mise en scène, comme lors des obsèques). Contrairement à Gandhi qui a réussi faire changer beaucoup de choses en Inde, l'influence réelle de Mère Thérésa est très très pauvre, voire quasi-inexistante (voilà pour le positif!).
Quant à savoir si elle a "personnellement prodigué des soins à des mourants, des lépreux, pendant autant d'années", je ne sais pas: je n'y était pas. Certains de ceux qui y ont été (médecins, entre autres, pour ceux qui savent ce qu'est "prodiguer des soins"), par contre, ont surtout rapporté qu'elle ne prenait pas les moyens véritables (dont elle disposait pourtant) pour que ces soins soient véritablement efficaces.
L'ultra-usé "l'Enfer est pavé de bonnes intentions" s'applique peut-être encore ici (sauf s'il est avéré qu'elle a sciemment privilégié ses congrégations au détriment des pauvres). Mais, comme les bonnes (et mal-appropriées) intentions ont été transcendées et magnifiées par la loupe médiatique, l'Enfer c'est franchement agrandi... Dans la note du réseau Voltaire (qui est une critique de livre, à propos), il est mentionné une des "saintes" paroles de MT, qui à mon avis vaut mille mots, mille gestes, car elle indique assez clairement son programme: "la souffrance des pauvres est bénéfique pour le monde et qu'il est magnifique qu'ils la supportent dans la passion du Christ". Elle n'est pas là pour aider, mais pour magnifier le christianisme, dans la souffrance des autres et dans l'image que l'on peut en tirer. Il est clair qu'elle fait de la misère une forme de "marque de commerce"... Aider les gens à mourir, la belle affaire! Vaut mieux les aider à vivre!
Jean-François
P.S.: d'autres liens, soutenant l'idée de la déformation médiatique ou de l'"étrange" sainteté de MT:
http://www.monde-diplomatique.fr/1996/11/HITCHENS/7400.htmlJean-François
http://www.indiastar.com/DhiruShah.htm
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