Bill: C'est un sentiment que vous partagez avec Florence. Vous vous trompez tous les deux. La recherche de pouvoir me semble, en effet, moins noble que la recherche du bien. Mais la distinction ne repose pas sur un jugement de valeurs. C'est moi qui pose un jugement de valeur à partir du modèle. C'est différent. Vous pouvez ne pas partager mon jugement de valeur. Ça n'invalide pas la pertinence du modèle.
Stéphane: "En supposant que vous avez bien compris le problème, votre réponse est donc que toutes les religions «légitimes» ont des croyances compatibles entre elles et avec la science puisqu'elles cherchent le «vrai» et le «bien» -- ce qui fait leur légitimité, je présume. J'en déduis par ailleurs que les religions et la science pourraient s'unir pour combatre les «fausses croyances» magiques qui, ne cherchant pas la vérité, sont donc dans l'erreur. Quant à ceux qui «croient avoir trouvé l'absolu», je ne vois pas exactement où ils tombent, dans votre catégorisation. Magiques ou religieux?"
Bill: En effet, je n'ai peut-être pas bien compris le problème dont vous parlez. Vos déductions sont cependant vos déductions et non les miennes. Je ne présume pas de la compatibilité des croyances entre les religions. Je ne présume pas non plus de la valeur des croyances religieuses. Une croyance n'est pas plus vraie parce qu'elle est religieuse que ne le serait une croyance magique ou une croyance superstitieuse. En elle-même, une croyance n'est jamais qu'une croyance. Dans le religieux cependant, ces croyances semblent servires d'armature à un système éthique, ce qui n'est pas le cas des croyances superstitieuses et est moins souvent le cas des croyances magiques. C'est ce système éthique qui me semble avoir une valeur, pas l'armature de croyance qui l'entour.
Je ne pense pas que la science et la religion doivent faire front commun contre la magie. Je ne pense même pas que la science devrait s'occuper de religion, à moins que la religion vienne jouer dans les plates-bandes de la science comme le font les créationnistes qui veulent dicter aux universités le contenue des cours de biologie.
J'espère que cela clarifie ma position, parce que je ne saurais dire mieux. Je ne prétends pas développer ici une doctrine cohérente qui définirait les relations entre la science et la foi. Je cherchais simplement à définir les choses qui me rapprochaient et celles qui m'éloignaient de Julien. Il s'agissait d'approximations qui n'ont rien d'un système.
Stéphane: "Enfin mon objection, à laquelle vous ne répondez pas, c'est que votre catégorie «religieux» contient des choses opposées et que vos ensembles religieux-magique ont une intersection énorme et parfaitement floue: presque tous recherchent le pouvoir, peut-être pas sur le surnaturel (ce qui m'importe peu) mais sur *moi* (ce qui m'importe énormément). Pour boucler la boucle, disons que cette obsession du contrôle, qu'elle soit religieuse ou magique, est contraire à l'esprit scientifique."
Bill: La recherche du pouvoir est également contraire à l'esprit religieux tel que je l'entend. Ça n'empêche pas que les personnes qui animent une Église soient des humains corruptibles. Les scientifiques ne le sont pas moins. Il y a aussi des personnes qui pratiquent la science pour de mobiles moins honorables que la seule recherche de la vérité.
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