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Re:DSM et tests(suite)


Re: Re:DSM et tests -- Bill
Postée par Bill , Mar 29,2000,20:48 Index  Forum

Stéphane:«5) Pourquoi circulaire? Le DSM est basé sur les diagnostics prévalents, catégorisant les pathologies à partir de statistiques basées sur les interactions psychiatriques courantes (par exemple, il n'y a pas si longtemps l'homosexualité y figurait comme pathologie).
Plus vous vous expliquez et moins je vous comprends.

En ce qui regarde l'homosexualité, il y a un bel article dans la seconde édition de Lalonde et Grunberg "Psychiatrie clinique". L'auteur explique pourquoi l'homosexualité a été enlevée du DSM-III-R. Il n'y avait pas de raison scientifique de faire ça. C'est juste la pression des lobby homosexuels américains. La littérature sur la question montre que les psychiatres continuent de considérer l'homosexualité comme un trouble sexuel sévère.

Stéphane: «Il ne faut donc pas s'étonner si les psychiatres trouvent que le DSM a raison, cadre avec leur expérience. Voilà pourquoi il est si puissant comme outil: il renforce, légitimise, officialise le language que le psychiatre utilise dans son interaction avec le patient et donc *domine* dans la construction coopérative de l'objet qu'est la présumée pathologie (alors qu'il faudrait probablement écouter le patient d'avantage: mais là, je n'offre pas d'alternative, je ne fais qu'observer que les pieds du colosse sont d'argile). En fait, il est courant de voir les patients adopter le language psy pour se décrire eux-mêmes. Alors la ligne entre l'observation et la création disparaît entièrement.»

C'est la conceptualisation de la maladie qui est une construction coopérative, pas la maladie. La maladie est réelle indépendamment de la prise de conscience. L'arbre qui tombe fait-il du bruit s'il n'y a personne pour l'entendre? Pour un scientifique, oui !

Il est vrai que la psychiatrie en est à ses débuts. Son langage savant n'en fait pas une science dure. Aussi longtemps que la neuropsychiatrie n'aura pas fait les pas-de-géant que nous en attendons, nous serons limités à des approximations. Je ne crois pas que la criminologie est beaucoup de leçons à faire à la psychiatrie à ce chapitre.



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