Au sujets des mots dont le sens n'est pas rigoureusement précis, tu dis qu'il ne faut pas "bêtement utiliser le concept pour analyser des phénomènes dans lequel ils joue un rôle."
Le mot "bêtement" rend ton conseil superflu. Bien sûr qu'il ne faut pas bêtement faire X, pour tout X.
Quant à "utiliser un concept pour analyser des phénomènes dans lequel il joue un rôle", ça me paraît tout à fait légitime, Sinon, autant renoncer à penser.
Il ne faut pas le faire bêtement, ça va de soi. On est d'accord là-dessus. Je vais essayer de trouver un point où on l'est moins.
STÉPHANE : "...j'ai dit dès le début que je ne considérais AUCUN régime comme étant «de gauche» (ou de droite), parce que la catégorie est trop floue."
Là, j'ai du mal à te suivre. Pinochet et Allende, pour toi, c'est autant à droite qu'à gauche l'un que l'autre! C'est ça que tu viens de dire.
Ça fait des jours qu'on s'escrime à déflouer l'axe gauche/droite. Tu penses vraiment que c'est un axe qui correspond à un concept vide? Comme les concepts de race ou de retard?
À force de mettre les mots flous tabous, il ne t'en restera bientôt plus beaucoup, je te préviens. ;-)
STÉPHANE : "on ne contraste pas Riopelle et Pollock en se limitant à parler du foncé et du clair. Ça prend des outils pas mal plus coupants que ça."
Bien sûr. Mais, en parlant du foncé ou du clair, on peut distinguer les corbeaux des colombes ou le jour de la nuit. Pour distinguer la gauche de la droite, on peut parler de:
1 - Q' = (ce qui est mis en commun)/(ce dont on dispose)
2 - social:
«droite» = traditionnalisme, moralisme (souvent religieux), nationalisme, patriotisme/chauvinisme
«gauche» = progressisme, libéralisme, légalisme, relativisme
3 - économique:
«droite» = néo-libéralisme, individualisme
«gauche» = interventionnisme, collectivisme
4 - Le respect de la dignité humaine
5 - L'attitude face au changement (démographique, historique, scientifique, économique, social, moral)."
6 - (L'adoucissement des moeurs)
- L'abolition du cannibalisme.
- L'abolition de l'esclavagisme.
- L'abolition de la peine de mort.
- La laïcisation de la société.
- Le droit de vote universel.
- L'égalité de la femme
- La libéralisation de l'euthanasie.
7 - "tolérer une opposition pacifique"
8 - "valoriser la liberté d'opinion"
Même si la plupart de ces "paramètres" manquent de précision, ils signifient quand même quelque chose. L'abolition de la peine de mort, par exemple. Dans ma perception de ce qui est de gauche ou de droite, l'abolition de la peine de mort a une nette saveur "gauche". Selon ce critère, par exemple, le Canada est plus à gauche que la Chine ou les USA.
Un pays qui score fort selon presque tous les critères est plus à gauche qu'un autre qui a des zéros presque partout (style l'Espagne sous Torquemada).
Je vois ça comme un problème d'analyse en composantes principales, dans un espace à plusieurs dimensions. Chaque société correspond à un point (plutôt à un nuage flou) dans cet espace. Le Chili de Pinochet est en bas à droite. L'Espagne de Torquemada est dans le même quadrant, encore plus creux. Le Canada d'aujourd'hui est ici, le Cambodge des Khmers Rouges est là. Ailleurs, Cuba de 1980, etc.
Je "vois" des milliers de points-nuages, avec de vastes régions vides. Je "vois" un certain ordre dans ce désordre, une sorte d'axe gauche-droite qui n'est pas une illusion, même si on manque de décimales.
STÉPHANE : "...je pense que tu démontres exactement le problème en essayant de créer un continuum droite-gauche et en guessant des positions. Toute la complexité du problème vient de prendre le bord."
J'essaie simplement d'être le moins "holistique" possible. Aussi, je penses que tu exagères quand tu dis que "Toute la complexité du problème vient de prendre le bord." Il en reste encore beaucoup. Elle a simplement un peu changé de place. Ce n'est pas rien.
Denis
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