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Re:Re:Re:Propositions qui avaient du mérite


Re: Re:Re:Propositions qui avaient du mérite -- Kraepelin
Posté par Stéphane , Dec 31,2002,10:32 Index  Forum


1) Mon objection n'est pas que la neutralisation pénitencière n'empêche pas effectivement les condamnés de commettre de nouveaux crimes (quoi que, il y a possibilité de commettre des crimes en prison, faut pas l'oublier, alors la neutralisation n'est que partielle). Mon objection était qu'il existe trop de soupapes de pression pour que des longues peines soient effectivement purgées. Je pourrais également ajouter que bien des gars ressortent pires qu'ils étaient après une longue peine, ce qui tend à neutraliser la neutralisation.

2) Je laisse tomber, de toute façon c'est très spéculatif.

3) j'entend par «éligibilité automatique» le droit d'être entendu par la CNLC ou la CQLC après 1/3 de sentence. Ceci s'applique à tous les crimes (sauf exception). Le «droit automatique» à l'élargissement après 1/3 est différent. C'est le cas du mec qui se fait mettre dehors sans autre forme d'examen; c'était effectivement pour désengorger les prisons. Tu as raison de dire que ceci n'est pas un fondement du concept de liberté conditionnelle, et je n'ai pas dit le contraire (je parlais de l'éligibilité, pas du droit). Mais le droit automatique ne s'applique pas aux criminels violents; je ne vois donc pas ce qu'il vient faire ici.

4) Si nous ne vivions pas dans un État policier avant la Charte, c'est qu'en common law il était déjà interdit de fouiller les résidences des gens -- ou même de regarder à l'intérieur par la fenêtre. À ce niveau la Charte n'est que la manifestation positive, écrite, d'un droit qui existait déjà. Renverser cette disposition n'équivaudrait donc pas à retourner à l'époque pré-1982, mais bien au 18e siècle (à peu près, selon les pays).

5) «Toutes ces mesures me semblent disproportionnées, si on considère le taux de criminalité au Canada."
K: Peut-être! Mais, n'est-ce pas aussi le cas de la loi sur le registre national?»

Je n'ai pas fait de comparaison avec le registre. Je commentais simplement sur tes propositions. Dans les deux cas, ma conclusion est qu'il vaudrait mieux ne rien faire qu'empirer la situation. Comme tes propositions sont toutes clairement inacceptables et/ou inutiles (qu'elles soient meilleures ou pires que le registre), vaudrait mieux ne rien faire du tout.

6) «À trop craindre le danger d'un État policier, on s'expose au danger de vivre dans une société où les criminels font la loi dans la rue.»

Voilà tout le problème du contrôle social dans un État démocratique, qui remonte à Hobbes. On ne le règlera sans doute pas ici. On peut aller très loin au nom de la sécurité -- surtout si on réussit à convaincre les gens que leur vie est en danger immédiat. Seulement, avant de faire des lois, il me semble qu'il conviendrait d'évaluer ce danger objectivement, et d'évaluer l'effet probable de la loi envisagée. Il ne suffit pas de «cibler les clientèles à risque»; évidemment que ça fait toujours du bien de taper sur la tête des méchants. Mais est-ce productif?


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