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Le Pavé. Sébastien et André dans la mare.


Postée par decroix rené , Jun 28,2000,05:45 Index  Forum

Il y avait plus de trente lectures du texte attribué à Costa de Beauregard, et toujours aucun commentaire. Aujourd’hui je ne le trouve plus affiché dans la liste du forum (vous le retrouverez bien sûr avec Recherche, nom : Lagaffe) , et donc je ne sais pas combien de lectures, mais deux réactions concernant directement le texte : Sébastien et André.

Deux réactions très courtes, mais à mon avis hautement significatives, représentatives certainement des impressions de beaucoup ( l’esprit du message d’André se trouvait quelque part dans une réflexion de Florence …) . Il est quasi symbolique de voir Allen Sockal évoqué par André malgré la brièveté de son intervention.

Toujours est-il que « le pavé dans la mare » m’avait donné l’idée d’essayer de lancer un jeu-expérience sur le forum, centré sur le texte de Costa de Beauregard, et seulement sur lui. Mais plutôt, ou en attendant, voici en réponse aux deux messages, et à ceux qui en partagent les contenus, un élément qui vous sera peut-être utile.

Costa de Beauregard est évoqué par Bernard d’Espagnat dans : « Une incertaine réalité. Le monde quantique, la connaissance et la durée. » Dans l’édition : Gauthiers-villars / Bordas 1985 c’est p. VIII (Avant-propos), 264, et 297-299.

A la page 264 se trouve l’écho d’une particularité importante chez C. de Beauregard que je voulais communiquer de toute façon, et qui transparaît dans le pavé dans la mare . B. d’Espagnat écrit :
« ou même, comme Costa de Beauregard, celle [l’existence] d’une causalité authentiquement rétrograde. »

Cette causalité rétrograde est le sujet de l’Appendice 3, pp.297-299.

« C’est à dessein que je n’ai pas évoqué (…) [les] manières de voir (…) à la recherche de leur formulation cohérente et définitive. A mes yeux, tel fut naguère le cas, en particulier, de l’approche de O. Costa de Beauregard, à l’intérieur de laquelle la notion de cause, qui en est pourtant la cheville ouvrière, n’était pas vraiment définie. Or cet état de chose a changé et les récents écrits de cet auteur montrent qu’il est maintenant parvenu à une nette explication de sa propre conception de la causalité. Mais corrélativement sa manière de rendre compte de phénomènes tels que les corrélations à distance du type Einstein, Podolsky et Rosen (E.P.R.) a dû elle aussi beaucoup évoluer. Voyons en quoi, dans les grandes lignes, consistent l’explication et l’évolution dont il s’agit. »

Je vais résumer, j’espère sans trop de maladresses ou trahisons.

1) Le concept de causalité : Costa de Beauregard identifie causalité et probabilité conditionnelle : probabilité de l’événement de A si l’événement B se produit, ou est observé (ce « ou » est dans le texte). Cette définition n’impose rien sur la chronologie des événements A et B. Et B. d’Espagnat conclut :
« L’identification de la causalité à la probabilité conditionnelle permet donc de donner un sens à des affirmations dans lesquelles le premier de ces deux concepts est utilisé, et cela quel que soit l’ordre en question. »
Il ajoute que l’auteur répondait ainsi, et de façon acceptable, aux physiciens qui lui demandaient de préciser le sens de sa « causalité rétrograde ».

J’ai bien une question mais … je dois me retenir, si je veux tenter mon expérience-jeu.

2) La distinction cause-effet. Elle a disparu. Et la faire disparaître, note d’Espagnat : « il semble que ce soit aujourd’hui une des idées directrices de Costa de Beauregard (…) ».
Dans le texte du pavé, on a la chose avec : [A si B] et [B si A].

J’ai bien …..mais …….expérience-jeu.

3) On ne peut plus dire « les dés sont jetés en A » (ni « en B »). C’était, auparavant, une expression favorite de C. de Beauregard. Son processus pouvait se résumer par l’illustration suivante ( j’essaie de ne pas introduire de physique, sauf l’idée de mesure ; Sébastien pourra retourner aux expériences type EPR : c’est le lieu du raisonnement) : la mesure influence la source par causalité rétrograde qui à son tour influence la mesure par causalité ordinaire. Mais le lecteur aura objecté de lui-même, ( réaction logique donc, indépendamment de toute connaissance scientifique) et cette fois je peux le dire puisque c’est l’objection qui fut faite et qui est rapportée par d’Espagnat : il y a contradiction, car implicitement reste ce qui a été dit évacué : il y a bien distinction entre cause et effet. Costa de Beauregard a répondu : il faut renoncer à penser en ces termes. Corollaire immédiat et signalé : la notion d’ « états intermédiaires » n’a plus de sens.

Rien de plus précis, et pourtant d’Espagnat dit : donc maintenant c’est correct, l’objection est renvoyée…..( bon, je me suis laissé aller) .

4) « Causalité » ou, simplement, « légalité » ? Ce qui reste d’essentiel dans la théorie de Beauregard, , dit d’Espagnat, : « c’est une conception de la réalité ultime dans laquelle celle-ci n’est ni contenue dans ni constituée, même partiellement, par l’espace-temps (…) D’un autre côté, relativement à la notion générale de causalité et à tout ce qui l’accompagne il n’est pas évident que la démarche de Costa de Beauregard contienne plus, en définitive, que cette idée classique d'une réduction de la causalité aux lois . » (Vieille idée, d’Espagnat le rappelait en préalable en la datant du début du XIX° siècle.)

Je donne intégralement le paragraphe final de cet Appendice consacré à Costa de Beauregard (et c’est en même temps la fin du livre).

« Certains feront à l’auteur dont il s’agit les mêmes reproches qu’à moi, à savoir ceux de se laisser glisser sur la pente de la métaphysique. Mais c’est qu’aujourd’hui l’entreprise consistant à vouloir construire de façon honnête un réalisme dénué de métaphysique s’apparente, on l’a vu, à la quadrature du cercle. Ce n’est pas à dire cependant qu’aucun des efforts faits en cette direction ne mérite notre attention. Certaines tentatives sont belles par elles-mêmes, indépendamment de l’appréciation toujours quelque peu subjective qu’on peut porter sur leur « succès ». Telle est par exemple, selon moi, celle trop peu connue de F. Bonsack dont l’existence mérite très certainement d’être notée. »

F. Bonsack, Esquisse d’un réalisme non métaphysique, Lettres épistémologiques, 31,p.3 (1981).
Je ne connais ni Bonsack ni même la revue : si quelqu’un connaît …

Voilà, je crois bien que je viens de casser les conditions initiales prévues pour essayer mon jeu-expérience, tant pis …

A vous j’espère.


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