Possible. Je m'emporte vite sur le sujet de la vache folle, parce que en france l'omniprésence de "l'information" sur le sujet, et la psychose qu'elle provoque, commence à être franchement énervante.
Ca me fait un peu penser à la listériose : cette maladie depuis des années fait régulièrement la une des journaux et provoque toutes sortes de débats, alors qu'elle n'est responsable que de moins de 5% des morts par infection alimentaire (30 morts par an en moyenne) ! C'est une sur-représentation assez hallucinante dans les médias, si on songe à la différence avec, par exemple, les décès liés à la suralimentation - dont on parle beaucoup moins, mais qui fait quelques centaines de fois plus de morts que la listériose ou la vache folle...
Le public est d'accord pour qu'on trouve des boucs émissaires, qu'on tape sur les industriels qui font parfois courir de légers risques à notre santé. Par contre les spectateurs ne sont pas d'accord pour qu'on les culpabilise en pointant du doigt les risques énormes que leur font courir leurs comportements "normaux" de surconsommation.
Le plus amusant, c'est de voir parfois des gens en surcharge pondérale, ou gros fumeurs ou gros consommateurs d'alcool, qui arrêtent de manger du boeuf par peur de Creutzfeld-Jacob, sans se rendre compte que leurs habitudes quotidiennes de consommation vis-à-vis de l'acool ou de la cigarette leur font courir infiniment plus de risques de mourir d'un cancer que de la maladie de Creutzfeld-Jacob...
André : "Il n'a pas été écrit par un scientifique qui cherche à défendre une thèse, mais par un journaliste québécois qui tente de faire un bilan de la crise de la vache folle pour les lecteurs québécois."
Je veux bien que le journaliste fasse un bilan, mais il pourrait essayer de présenter la crise de manière un peu plus objective, au lieu de tomber dans tous les clichés sur l'ESB. Commencer un article en comparant la maladie de la vache folle à Tchernobyl, c'est tout sauf un bilan objectif.
D'autre part je n'aime pas les journalistes et je ne crois absolument pas à leur éventuelle capacité à simplement informer, sans défendre une thèse ou sans déformer la réalité pour la rendre plus sensationnelle et donc plus "vendable" aux lecteurs. (surtout quand il s'agit de science, et encore plus de santé).
André : "Il ne cherche pas à créer la panique chez ceux-ci vu qu'ils ne sont pas directement concernés, mais à les informer de cette crise qui se déroule en Europe.
Mais sa manière de présenter la crise, et les conclusions vers lesquelles il semble pencher, vont toujours dans le sens le plus alarmiste. Je n'appelle pas ça de l'information, mais du sensationnalisme. C'est parfait pour réussir vendre un article, mais à part ça ça ne vaut pas grand chose.
André : "Il n'argumente pas comme tel et il ne fait que relever l'écart entre les propos des autorités et de certains scientifiques européens, d'une part, et les évènements. Les contradictions ne sont pas le fait du journaliste."
Utiliser le procédé larmoyant de la présentation détaillée d'une victime et de son calvaire, faire des comparaisons avec Tchernobyl, exagérer les risques sans présenter de données solides à l'appui, ce n'est pas que "relever l'écart entre les propos des autorités, des scientifiques, et les événements". C'est défendre un thèse bien précise et utiliser un rhétorique spécieuse dans ce but.
Quand à l'article sur la transmission du prion, dont tu donnes l'adresse, ça ne change pas grand chose. Il est clair qu'il y a beaucoup d'éléments que l'on ignore dans cette maladie; il y a quelques années seulement il paraissait totalement impossible qu'une simple protéine, une substance sans bagage génétique, puisse être le vecteur d'une épidémie.
Mais qu'il y ait des inconnues n'est pas une raison pour qu'on fasse toute une montagne d'une affaire qui va peut-être finalement se révéler sans grande portée, d'autant plus que les données épidémiologiques actuelles incitent plutôt à la sérénité.
Des fois j'aimerais qu'au lieu de s'indigner et de nous parler sans arrêt de cette immense catastrophe qu'est sensée être la vache folle, les journalistes se contentent d'apaiser la population en attendant 2002-2003, quand on commencera à avoir plus de certitudes par rapport aux modèles épidémiologiques les plus fiables, et donc au nombre réel de victimes.
D'ici là, comme il y a suffisamment de gens qui font dans la "noble indignation" et dans l'exagération des risques, et que cela m'énerve considérablement*, je me sens en droit de prendre le contrepied en faisant dans l'exagération quant à l'absence de risques.
Gaël.
*J'avoue, j'en fais une affaire personnelle (ça s'était peut-être remarqué...) car ma compagne tombe systématiquement dans toutes les psychoses alimentaires. Ca fait des mois que je fais des recherches sur ces sujets pour essayer de la convaincre d'arrêter le délire, parce que j'en ai franchement marre de devoir cuisiner uniquement bio et végétarien à chaque fois qu'elle vient chez moi.
Comme quoi, il peut parfois n'y avoir que des motivations bassement matérielles à la base du scepticisme...
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