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Sur la chronologie égyptienne


Re: Re2:Données sur l'arche -- Gaël
Posted by Emmanuel , Jan 14,2001,08:22 Index  Forum

Les historiens se fondent principalement sur certains documents qui se présentent sous la forme de listes de rois égyptiens ou d'annales. Il y a entre autres la Pierre de Palerme, fragment qui présente ce qu'on pense être les cinq premières " dynasties " de l'histoire de l'Égypte ; le Papyrus de Turin, très fragmentaire, qui donne une liste de rois et de leurs règnes depuis l'" Ancien Empire " jusqu'au " Nouvel Empire " ; et d'autres inscriptions gravées sur de la pierre, elles aussi fragmentaires. Ces listes séparées et d'autres inscriptions indépendantes ont été placées dans un ordre chronologique à l'aide des écrits de Manéthon, prêtre égyptien du IIIe siècle av. n. è. Ses ouvrages, consacrés à l'histoire et à la religion égyptiennes, classent les règnes des monarques égyptiens en 30 dynasties, classement suivi aujourd'hui encore par les égyptologues. Ces sources, ainsi que des calculs astronomiques fondés sur des textes égyptiens traitant des phases de la lune et du lever de Sirius (Sothis), ont servi à établir une table chronologique.

Les faiblesses de la chronologie égyptienne :

Les incertitudes sont nombreuses. On n'a pas trace des œuvres de Manéthon, qui servirent à donner un ordre aux listes fragmentaires et à d'autres inscriptions, que dans les écrits d'historiens d'époques ultérieures, comme Josèphe (Ier siècle de n. è.), Sextus Julius Africanus (IIIe siècle de n. è. ; il vécut donc plus de 500 ans après Manéthon), Eusèbe (IVe siècle de n. è.) et Georges le Syncelle (fin du VIIIe ou début du IXe siècle de n. è.). Comme le déclare W. Waddell, leurs citations des écrits de Manéthon sont fragmentaires et souvent déformées, si bien qu'" il est extrêmement difficile de déterminer avec certitude ce qui provient de Manéthon et ce qui est falsifié ou altéré ". Après avoir montré que les textes originaux de Manéthon contenaient des traditions sans valeur historique et des légendes qui " présentaient les rois comme leurs héros, sans souci de l'ordre chronologique ", il dit : " Il y avait dès l'origine de nombreuses erreurs dans l'œuvre de Manéthon : toutes ne sont pas dues aux fautes des scribes et des réviseurs. Les durées de nombreux règnes sont apparues impossibles : dans certains cas, les noms et la succession des rois selon Manéthon se sont révélés irrecevables à la lumière du témoignage des monuments. " - Manetho, introduction, p. vii, xvii, xx, xxi, xxv.
Un ouvrage montre que les longueurs excessives de nombreuses périodes données par Manéthon s'expliquent probablement par le fait que des règnes furent simultanés et non successifs. Il s'agit de Studies in Egyptian Chronology, par T. Nicklin (Blackburn, Angleterre, 1928, p. 39), qui dit ceci : " Les dynasties manéthoniennes [...] ne sont pas des listes de souverains de toute l'Égypte, mais des listes énumérant en partie des princes plus ou moins indépendants, en partie [...] des lignées princières d'où sortirent ultérieurement des souverains de toute l'Égypte. " Comme le professeur Waddell (p. 1-9) le fait remarquer, " il se peut que plusieurs rois égyptiens aient régné en même temps ; [...] il ne s'agissait donc pas d'une succession de rois ayant occupé le trône l'un après l'autre, mais de plusieurs rois ayant régné en même temps dans différentes régions. D'où le grand nombre d'années au total ".
Les égyptologues se fient davantage aux inscriptions antiques elles-mêmes. Pourtant, le soin, la véracité et l'intégrité morale des scribes égyptiens sont loin d'être au-dessus de tout soupçon. Le professeur J. Wilson écrit à ce sujet : " Il faut lancer une mise en garde concernant la véritable valeur historique des inscriptions égyptiennes. C'était un monde de [...] mythes et de miracles divins. " Puis, après avoir émis l'idée que les scribes n'hésitaient pas à jongler avec la chronologie des événements dans le but de louer davantage le monarque du moment, il ajoute : " En général, l'historien accepte ses données telles qu'elles sont, à moins qu'il y ait manifestement lieu d'en douter ; mais il doit être prêt à ne plus les accepter dès que des éléments nouveaux jettent une lumière différente sur l'interprétation précédente. " - The World History of the Jewish People, 1964, vol. 1, p. 280, 281.

L'absence de renseignements concernant Israël :

Elle n'est pas surprenante, car, non contents de ne pas consigner dans leurs annales les renseignements qui n'étaient pas à leur honneur, les Égyptiens n'hésitaient pas à faire disparaître les renseignements consignés par un monarque précédent s'ils n'étaient pas du goût du pharaon en place. Ainsi, après la mort de la reine Hatshepsout, Thoutmosis III fit ôter son nom et ses représentations des reliefs sculptés sur les monuments. Cette pratique explique sans nul doute pourquoi il n'existe aucune trace égyptienne connue du séjour de 215 ans des Israélites en Égypte ni de leur exode.




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