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Re:Et on remet ça...


Re: Et on remet ça... -- Gilles C.
Postée par Jean-Francois , Oct 26,1999,10:56 Index  Forum

Gilles C.: "Goleman n'est pas le genre gourou du nouvel-age au sens péjoratif du terme. Il est docteur en psychologie et a enseigné à Harvard. Il a de nombreux collaborateurs tout aussi sérieux."

Donc, il ne peut pas se tromper? Ceci est une référence à l'autorité, qui n'a aucune valeur argumentaire. Si Einstein avait dit que E = MC2 sans le démontrer autrement, est-ce qu'on aurait été tenu de le croire? Dans le cas du livre de Goleman, il semble y avoir de nombreuses références qui appuient sa théorie: et puis? Ne peut-on pas les critiquer? (Ce qui rendrai la science fixe et immuable.)

Gilles C.: "Les scientifiques du cerveau s'entendent pour la plupart sur le fait que les émotions primaires (peur, colère, pulsion et plaisir sexuel, faim, soif, agressivité) trouvent leur origine dans le cervelet et que le néocortex joue un role important dans le filtrage, l'interprétation, l'hinnibition et la maitrise de ces émotions primaires."

Je suis content d'apprendre que je ne suis pas un "scientifique du cerveau" malgré mes 10 ans de travail sur le système nerveux, dont une maîtrise et un Ph.D. Je ne suis donc pas hyper-spécialisé comme je le craignais ;-) (D'autant plus que je connais assez bien le cervelet pour avoir beaucou travailé sur le système sensoriel qui lui aurait donné naissance: le système vestibulaire.) Par acquis de conscience, et pour éviter la référence à "mon" autorité, j'ai été vérifier dans un manuel de base qui fait référence chez TOUS les neuroscientifiques (Kandel, Schwartz and Jessel, "Principles of Neuroscience"). Non seulement le chapitre sur cervelet est situé dans la section sur le contrôle moteur, mais rien dedans n'indique un rôle dans les "émotions primaires". Le cerveau est, avant tout, une structure impliquée dans le contrôle moteur même s'il a aussi une influence sur d'autres structures, dont des structures corticales, qui lui donne qu'un rôle secondaire et indirect dans d'autres fonctions (Ito, M. (1990) A new physiological concept on cerebellum. Revue Neurologique (Paris), 146(10):564-9).

J'en conclus que tu parles un peu à travers ton chapeau. Je te conseille de lire le texte à http://www.csicop.org/sb/9906/inklings.html , on y apprend des choses intéressantes sur les affirmations assurées.

De plus, j'ai des doutes sur la validité des rôles que tu attribues au néocortex. Il m'apparaissent "médicaux", à la limite, et non "fondamentaux" (c'est quoi la "maîtrise des émotions primaires"?). Tout comme je trouve difficile de soutenir que la colère, les pulsions et le plaisir sexuels soient véritablement des émotions primaires. De plus, les pulsions n'ont pas forcément un contenu affectif.

Je réitère que si les émotions primaires se "forgent" quelque part, c'est plus au niveau du diencéphale (dont fait partie le thalamus) qu'ailleurs. C'est d'ailleurs pourquoi, anciennement on classait en diencéphale dans le "cerveau reptilien". Nomenclature périmée depuis que l'on connait mieux les très nombreuses interactions entre des structures cérébrales (au sens large: du névraxe au complet).

Gilles C.: "Toutefois, j'aimerais bien si toi ou d'autres pourrait m'indiquer des études contredisant la théorie générale présenté dans le livre de Goleman."

En fait, Stéphane a oublié d'indiquer la référence exacte à un article paru dans un très renommé journal de médecine (The Lancet; qui a, pourtant, publié quelques belles conneries homéopathiques; personne n'est parfait ;-) ) dans son message:
"Pensée positive" et cancer --- Stéphane (Wed, Oct 20, 1999, 10:44:52)
Cet article semble démontrer que la "pensée positive" n'a aucune incidence sur le cancer du sein.

J'ai fait une recherche sur PubMed avec "emotion" and "health" et lu quelques résumés d'articles récents. Je trouve que, quand il y a corélation positive entre une "émotion" et un état de santé, il est difficile de dire si cette émotion est la cause première de l'état de santé. Par exemple, quand une corélation positive est trouvé entre "peu d'anxiété" et "moins de douleur arthritique", il est difficile de dire si le "moins d'anxiété" est la cause ou la conséquence. Il apparaît normal que quelqu'un ayant peu de douleur soit moins anxieux. Donc, je reste sur ma réserve.

Jean-François


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