Suivi

La grève des professeurs d`université et de cégep : exit les profs!


Posted by Omer , Oct 21,2001,15:28 Index  Forum

dimanche, 21 octobre, 2001

Devinette :

Qui sont-ils?

Ils ont perdu l`amour de leur métier ; au nom d`un surcroît de travail, surcroît auquel ils ont bien dû penser en choisissant leur métier, ils revendiquent, toujours et encore, des augmentations de salaire.
Combien de ces frustrés patentés n`ai je pas rencontré au cours de ma vie, comme cette femme, qui bien que gagnant au-delà de 40 000 $ par année à l`école secondaire, possédait le visage le plus renfrogné et l`humeur la plus maussade que j`ai jamais vu. Cette femme m`a assommé durant une heure entière sous une avalanche de récriminations au sujet de ses conditions de travail avant que je puisse, sous prétexte d`avoir quelque chose d`extrêmement urgent à faire, arrêter le vomissement de fiel qui commençait à noircir la fin de ma journée. À l`entendre, cette femme était enfermée à longueur d`année dans un camp de concentration nazi…
Comment ne pas être révolté face aux revendications( hormis celle légitime du salaire égal homme-femme) de ces frustrés qui empoisonnent la vie de leurs élèves, non pas par leur grève (les victimes sont charmées de l`absence de leurs tortionnaires), mais à longueur d`année, hormis les deux longs mois de vacances OÙ LES DÉPENSES DE CES FRUSTRÉS SONT PAYÉES PRESQUE TARIF HORAIRE. Comment ne pas s`indigner devant les mensonges éhontés de ces parasites qui prétendent tous faire plus que 40 heures de travail, par année, lorsqu`on sait que l`un de ces parasites obtient un poste dans un cégep, il ne fait que 18 heures de travail/ semaine, et à l`université, 6 heures !
À travail égal, salaire égal. OK. En dehors de ça, pourquoi avoir choisi ce métier lorsque tu sais qu`après les heures de cours tu dois corriger les épreuves? Et encore, les examens, ce n`est pas tous les jours!
Est-ce un travail si pénible que de transmettre la connaissance? À en croire les visages fermés, les expressions renfrognées et les préjugés auxquels les élèves doivent faire face dans les établissements d`enseignement (comme une réputation surfaite d`irresponsabilité…), oui. Tient, il y a deux jours, j`ai été faire ma petite visite au CÉGEP Ste-Foy. En entrant, j`ai été surprise par la très forte odeur de vernis à ongle qui empuantait l`intérieur de l`établissement. En allant voir une préposée aux renseignements (prêts et bourses étudiant), j`ai été, accueillie( pour la 4 ème fois dans des circonstances semblables dans 3 établissements d`enseignements de niveau collégial) par une madame qui n`avait vraiment, mais vraiment pas l`air contente de me voir, sans sourire et sans manières.
J`ai abandonné mes études pendant 8 ans. Devinez pourquoi? Lassée des humiliations subies de longue date à l`école ( au primaire et au secondaire j`étais le souffre-douleur, parfois frappée, de mes camarades de classe, sous les yeux indifférents de mes professeurs, comme au cégep où certains profs m`humiliaient en public lorsque j`osais poser des questions), n`ayant plus aucune confiance en moi, j`ai cru que j`était stupide, oui stupide. Après l`équivalent de deux ans de cégep, j`étais une loque humaine, résolue à ne plus jamais remettre les pieds à l`école. Je haïssais l`école, et les connaissances qu`on transmet à l`école. Ce n`est que 5 ans plus tard, à l`écart de l`école, des professeurs et de l`imposition de performer, que j`ai osé remettre la main sur un livre de mathématiques(calcul différentiel et intégral-math 103), par curiosité. J`ai adoré.
Et c`est là que j`ai découvert que les mathématiques et la philosophie étaient des matières intéressantes, alors qu`avant, ce n`était que montagnes infranchissables et supplices, à l`école.
Aujourd`hui, je suis à l`université, dont je viens de franchir les portes. La situation n`est guère meilleure : si plus personne ne me frappe, je paie 1000$ / session pour me faire dire par un gros épais payé au moins 60 000$/ année, qu`après les heures de cours, << il n`aime pas que j`aille le voir à son bureau, parce que c`est à son attaché de cours de répondre aux questions de ses étudiants >>. Ou encore, par un autre, résolu à me donner un cours sur Socrate dans un cours sur les Pré-Socratiques, << que j`avais tord de lui demander de me donner un cours sur les Pré-Socratique, et tant qu`à faire, si je n`étais pas contente, de laisser tomber le cours, me l`ordonnant même >>! Le même professeur, élucubrant de tortueux monologues en pleine classe devant un public extrêmement passif, se fâche si quelqu`un met en doute la Source de sa vérité : << veux-tu donner le cours à ma plaçe >> ?
Ca vous tutoie sans gêne, ça ne vous respecte même pas, et ça demande d`être vouvoyé !
Dans ces conditions, comment s`étonner, l`élève en étant réduit à n`être plus que le réceptacle figé et immobile de la Connaissance professorale, comme un corps mort dépourvu d`esprit, que la nouvelle génération ne fasse preuve d`aucune créativité, en étant réduite, si elle ne veut pas encourir les foudres du professeur, à répéter plutôt qu`à créer?
Comment expliquer autrement que par une réduction de l`amour de lui-même de l`élève à rien, les paroles de ce doctorant en philosophie naguère rencontré : << l`esprit critique est une maladie >> ? Comment expliquer autrement que le manque de créativité des enseignants se résolve souvent par un plagiat intempestif des travaux des élèves encore créatifs?
Ce genre de larcin est extrêmement courant.
Je parle ici au nom de cette masse silencieuse qui pourrait fort bien penser par elle-même, si ce n`était la tyrannie de ceux qui se croient des dispensateurs de « vérité »… de l`enseignement sans âme en vérité.
Y sont tellement sans cœur que ce sont les premiers à faire pression auprès des parents pour que leurs élèves prennent du ritalin.
Y sont tellement dépossédés d`eux-mêmes qu`ils sont même pas capables de s`apercevoir que l`école est devenue le milieu de vie le plus dépersonnalisant qui soit. Si ce n`était une préparation extrêmement hâtive à l`impersonnalité du marché du travail, qui exige de plus en plus un travailleur soumis et sans attache, pourquoi donc y a t-il va et viens incessant entre les élèves et leurs multiples professeurs, qui ne leur permettent plus d`établir un contact personnel avec ces derniers, et de moins en moins avec leurs camarades, comme ça se faisait naguère?
Comment expliquer autrement que par une bêtise insondable que la place réservée à l`éducation physique soit réduite au minimum dans tout programme d`enseignement au primaire et au secondaire, quand on sait que les jeunes, ça besoin de bouger?
À partir d`aujourd`hui, je tutoie mes professeurs.


Suivi