Absolument. Prenez une dramatique au hasard à la télé et comptez les minutes occupées par des dialogues qui consistent à s'auto- et inter-anlalyser et vous verrez qu'il n'y a plus de place pour grand chose d'autre. Aux États-Unis c'est pire parce que 1) on fait dans le «behaviorisme freudien», qui est une soupe incroyablement indigeste mais qui peut être omniprésente parce qu'elle couvre absolument *toutes* les situations et 2) on ne peut JAMAIS se contenter de montrer des individus dans des situations, il faut toujours décrire et souligner ce qui se passe (et plutôt deux fois qu'une) pour être certain que tout le monde comprend.
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«Le psychologue n'est-il pas au service du pouvoir, en ce sens qu'il essaie de "déceler" les élément "anormaux" de notre société selon certaines normes établies par l'État?»
Le psychologue (qui soit dit en passant n'a jamais eu de pouvoir sur le discours populaire) est rarement réellement au service de l'État -- à moins qu'on définisse ce «service» de façon très large. Les fameuses «normes» établies par l'État (en fait, par le *droit*) sont quand même assez rares, et concernent les cas les plus extêmes. Faites une petite visite dans un institut psychiatrique: vous ne verrez pas beaucoup d'excentriques, de communistes ou de subversifs là-dedans. En fait, l'État n'a pas les ressources nécessaires pour médicaliser tous les «anormaux».
CELA DIT, il y a un endroit précis où ce que vous décrivez s'applique assez bien: la dictature de facto des psy dans le système pénal -- et par extension et à un moindre degré, dans la structure visant la protection de la jeunesse. L'explication est simple: les psy ont développé un arsenal d'outils prédictifs à saveur scientifique (le contenu, lui, varie énormément*) qui donne l'apparence de pouvoir prédire la récidive tout en déresponsabilisant ses utilisateurs: «s'il y a erreur, c'est pas ma faute, j'ai utilisé l'outil x».
*L'exemple le plus comique -- mis à part les reliques comme le Rorschach et autres qui traînent encore -- est celui du DSM et de la «personnalité antisociale»: 3 dest 6 critères de diagnostic sont directement reliés à l'activité délinquante. Je vous laisse deviner combien de délinquants sont diagnostiqués comme ayant une personnalité antisociale.
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