Je ne te le fais pas dire : "La différence fondamentale en est une de développement du cerveau, bien entendu. Ce n'est pas une proposition on/off mais un gradient."
On a un accord fort là-dessus. Un beau A. Comme dans le bon vieux temps. Sauf qu'on a maintenant le droit d'argumenter. ;-)
On est donc d'accord sur l'animalité de l'homme, sur la continuité (le gradient) d'un bout à l'autre, corps et âme. Grosso modo.
Pourtant, dans ton dernier message, tu écris : "Les êtres humains ont aussi beaucoup d'instincts, mais aussi le libre arbitre."
Ainsi formulée, ton idée semble réintroduire la discontinuité par la porte d'en arrière. Tu y tiens tant que ça? Faudrait choisir. Je ne vois pas pourquoi il y aurait discontinuité dans le libre arbitre et pas les autres axes du spasme de vivre, grosso modo toujours.
Tu dis aussi : "L'apparence de choix (l'arbitre instinctuel, si on veut) et le libre arbitre sont deux plages de possibilités sur le chemin de la puissance mentale."
Ta métaphore des deux plages réintroduit encore l'idée de discontinuité, entre les plages. Ton autre métaphore du chemin suggère fortement l'inverse, la continuité. Ça coince quelque part. À moins que tu prétendes que, paradoxalement, le phénomène serait à la fois discret et continu. Un peu comme les aspects onde-particule de la lumière, si on veut continuer à métaphorer.
Peut-être prétends-tu qu'un progrès qualitatif dans la vigueur mentale provoque brusquement un phénomène nouveau. Ce sont des choses qui arrivent. La vitesse de libération d'un bolide, par exemple. Au-delà de 11 km/s, il ne retombera pas. Différence qualitative induite par un facteur continu. Si c'est ça ton idée, la discontinuité, la métaphore de la vitesse de fuite collerait mieux que celle des deux plages.
Selon toi le libre arbitre apparaîtrait "pouf" à un certain seuil de développement cérébral? Il y aurait eu quelque part dans la lignée des mammifères (ou plus tôt) un premier "pouf" de libre arbitre? Le papa de ce premier "pouffien" n'était pourtant guère différent de lui côté mémoire, imagination, intelligence, conscience, volonté, instincts, réflexes, physiologie, etc. On te les amènerait tous les deux (disons par magie, au même âge) et tu n'aurais aucun moyen, même en les étudiant 100 ans, de savoir lequel est un pouffien et lequel n'en est pas un. Je te parie un $2 là-dessus.
Moi, je trouve que le modèle discontinu coince d'aplomb. Les coinçages doctrinaux, j'essaye de les repousser le plus loin possible. Je n'y parviens pas toujours. Misère!
Au sujet de mes 3 questions, tu dis : "Ce sont des questions très techniques auxquelles je pense personne n'a encore de réponse..." (le gras est de moi)
Je pense que ce sont plus que des questions techniques. Je vois plutôt ça comme des obstacles théoriques fondamentaux qui disqualifient le modèle discontinu (du mental et, en particulier, du libre arbitre).
En fin de compte, selon toi, le progrès mental, du poisson à l'homme, le long de notre lignée, est-il discret ou continu?
Tu ne peux pas avoir à la fois le beurre et l'argent du beurre. Si tu prétends qu'il est discret, essaye au moins de préciser à quoi ressemblait le premier pouffien et, surtout, en quoi il était différent de ses parents.
Denis
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