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Un sceptique sceptique


Postée par André , Jul 03,2000,21:46 Index  Forum

Je doute de mon scepticisme.

En effet, de quel droit moi, un non-spécialiste, comme dit Gatti, puis-je porter un jugement sur un scientifique de haute voltige?

Je me rappelle une anecdote qui m'est arrivée, il y a au moins 25 ans.
Un de mes collègues, sachant que je m'intéressait aux questions d'ordre scientifique, me tend un livre écrit par un physicien dénommé Charron et m'indique quelques pages à lire sur le champ pour avoir mon opinion. Si je me souviens bien, le physicien en question affirmait, entre autre, que l'électron avait en mémoire tout ce qu'il avait subit depuis sa création, qu'il était le siège de l'âme, etc...
Notre conversation donna à peu près ceci:

Moi:"Ce sont des sornettes."

Lui:"Sur quelles bases peux-tu affirmer ça? C'est un physicien spécialiste de la mécanique quantique et toi n'étant pas physicien, comment peux-tu porter un jugement sur ses théories?"

Moi:"Même un physicien peut devenir fou. Mais, surtout, quand il parle de l'âme, de l'intelligence et de spiritualité, il sort du cadre de ses compétences et, alors, il n'en sait pas plus que toi et moi. En plus, en cherchant à expliquer ces choses par la mécanique quantique, il fait du scientisme: il fait dire à la science des choses qu'elle ne dit pas."

Mon rejet des thèses de ce physicien était viscéral et je me demande si, dès le départ, il n'était pas du au fait que, depuis des années, je m'étais imprégné de certitudes et de croyances concernant la valeur de la science sur lesquelles je m'appuyais pour formuler des arguments, après coup, pour justifier ma position.

Ce ne fut pas la seule fois où j'ai été confronté à ce problème. Un jour un ingénieur qui affirmait que la vie extra-terrestre existait me dit, pour clore la discution, qu'Hubert Reeves l'affirmait dans "Patience dans l'azur". Je lui rétorquai que, si Reeves avait écrit ça, je l'aurais sûrement remarqué parce qu'il n'était pas en mesure de faire cette affirmation. C'est avec un certain dédain qu'il mit fin à la conversation.

Bref, ne pouvant pas m'en prendre aux développement des thèses des spécialistes, je m'attaque à leur crédibilité en me référant à mes schèmes de base concernant la science. Je me dis que c'est là que le sens commun reprend toute sa place. Mais est-ce bien légitime? J'aimerais avoir l'avis de scientifiques à ce sujet.


André


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