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Re:Re:Re:Science vs religion, l'(éternel) retour


Re: Re:Re:Science vs religion, l'(éternel) retour -- Gaël
Postée par Stéphane , Apr 23,1999,14:42 Index  Forum

Heidegger: Tu te pètes les bretelles un peu vite. Ma critique n'était pas simplement personnelle. Il y a un os dans la moulinette quand on veut argumenter que la réalité n'existe pas (ou est inconnaissable) tout en supportant la "génétique" nazie. Même si H était en fin de compte un supporter "poétique" du nazisme (comme Riefenstahl), ça n'empêche pas la contradiction fondamentale, puisqu'un ne va pas sans l'autre. Ma critique était d'autant plus valable qu'elle se situait dans le cadre de ta démonstration que l'intuition est une forme privilégiée (language des droits, du spontané, de l'utile, etc.) de connaissance, et que justement le racisme nazi provenait largement de l'intuition et d'une culture fondamentalement antisémite. Il ne faut pas se laisser avoir par le discours semi-scientifique du Mein Kampf ou de Rosenberg, Goebbels et compagnie. Le racisme "scientifique" perdait déjà du terrain 30 ans auparavant.

Le bien-être, encore une fois. Il me semble qu'on a déjà couvert ce terrain. Il n'y a pas de raison fondamentale pour que la connaissance soit tenue de produire le bien-être -- ni de l'empêcher. Ce sont deux choses différentes. Eh oui, quelquefois on ment pour ne pas blesser. Est-ce que la réalité en est affectée? La façon dont les gens accèdent au bonheur n'est d'aucun intérêt, parce que personnelle. Tu sembles croire que le seul bonheur est celui de l'ignorance.

La seule différence que tu fais entre la science et le mythe, en fin de compte, est absolument sans conséquence. C'est un peu comme la différence qu'on ferait entre une maison rouge et une maison blanche. Question de goût personnel. Moi, je te dis qu'il y a une contradiction fondamentale entre le désir de savoir et l'acceptation d'explications évidemment non-valides.

Personne n'est parfait: eh bien là, je commence à comprendre pouquoi tu disais, un peu plus bas dans la liste, que la vérité ne t'intéresse pas. En effet, la perfection nous échappe, mais je pense qu'il y a tout de même une marge entre se tromper et se fourrer royalement. Mais ce qui est plus surprenant, c'est ta défense du droit au bonheur sans limites à l'aide d'un philosophe qui défendit le nazisme. Il faut vraiment le faire. S'il y en a un qui s'est bien fourré royalement sur le bonheur, c'est bien lui. Nous ne sommes pas parfaits, mais on devrait pouvoir reconnaître où se trouvent les imperfections et éviter de bâtir dessus.

Enfin, pour ce qui est de la démarche sceptique, premièrement, il faudrait peut-être réaliser que cette "démarche" n'existe pas en soi, i.e. chacun a son approche. Cela dit, il est bien vrai que la logique sceptique, poussée à sa conclusion, veut que toutes les croyances soient testées -- et, en extrapolant légèrement d'après l'expérience jusqu'ici, rejetées. Ceci n'équivaut pas, toutefois, à FORCER les gens à ne plus croire (comment est-ce qu'on fait ça, exactement?). Rendre les faits disponibles est souvent suffisant; et quand ça ne l'est pas, il n'y a pas grand-chose à faire pour "obliger" les gens à ne plus croire. Là où il y a un problème, c'est quand on décide unilatéralement que les faits ne sont pas plus valables que la croyance, et donc on désamorce l'effort dès le départ.


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