Vous avez raison pour le premier point, toute tentative d'explication de l'évolution de l'oeil relève actuellement de la spéculation. On ne connaît pas toutes les étapes de l'évolution de cet organe; il faudrait une machine à voyager dans le temps pour retrouver les organismes intermédiaires (les structures de l'oeil ne se fossilisent pas). On ne peut donc qu'imaginer des scénarios plausibles.
Pour ce qui est de votre deuxième point, le fait que les vers soient toujours des vers, je crois qu'il relève d'une mauvaise conception de l'évolution, mauvaise conception attribuable au sens que l'on donne généralement au mot "évolution". Pour la plupart des gens, "évolution" signifie progrès, amélioration, augmentation de la complexité. Pour le biologiste, évolution signifie tout simplement adaptation ce qui n'est pas la même chose. Un animal peut être très bien adapté à un mode de vie donné tout en possédant des organes moins complexes que ceux qu'on retrouve chez d'autres. Les vers vivent très bien avec leurs "yeux" primitifs (du moins ceux qui en ont, plusieurs n'en ont tout simplement pas besoin). Il n'y aurait pas d'avantages à développer plus loin cet organe des sens compte tenu du mode de vie qu'ils ont adopté. C'est pourquoi, il y a encore aujourd'hui des vers qui ne sont pas tellement plus complexes que ceux qui existaient il y a 500 millions d'années.
Pour la même raison, il n'y aurait, par exemple, aucun avantage pour un poisson vivant en pleine mer de développer des organes permettant de respirer l'oxygène de l'air ou des pattes permettant la locomotion. Il n'y aurait aucun avantage pour une souris à développer un plus gros cerveau que celui qu'elle possède. Un plus gros cerveau ne lui donnerait pas grand chose de plus, mais augmenterait dangereusement ses dépenses énergétiques. La souris mise sur un taux de reproduction élevé plutôt que sur un gros cerveau pour se perpétuer efficacement. La complexification d'un organe n'est qu'une solution parmi bien d'autres pour s'adapter à une nouvelle situation. Certaines espèces s'adaptent même à certaines situations en diminuant leur complexité (cas, par exemple, des parasites ou des organismes cavernicoles qui perdent l'usage de leurs yeux).
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