L'homéopathie a été fondée par Samuel Hahnemann, un médecin allemand né à Meissen en 17552,7.
C'est à 35 ans qu'Hahnemann aurait eu l'idée d'expérimenter sur lui-même l'écorce de quinquina que l'on utilisait alors pour soigner la fièvre des crises de paludisme. Hahnemann observa que le quinquina provoquait chez lui des symptômes semblables à ceux du paludisme. Cette analogie frappa fortement son imagination puisqu'il crut vérifier par cette expérience la "loi de similitude" d'Hippocrate, d'après laquelle une substance qui provoque des symptômes chez une personne bien portante guérira les mêmes symptômes chez une personne malade2,5.
Des expériences avec d'autres drogues de son époque le confortèrent dans sa conviction. La recherche consistait alors, pour lui, à expérimenter des substances diverses et à compiler systématiquement la description des symptômes que ces substances provoquaient chez un sujet en bonne santé (pathogénésie*). Dans la thérapeutique, il ne restait plus alors au clinicien qu'à chercher, dans cette compilation de descriptions, les substances qui provoquaient les symptômes les plus semblables à ceux de son patient et à lui prescrire cette substance (individuation du remède)56.
À l'usage, la thérapeutique ne donnait pas les résultats espérés par Hahnemann. Aux symptômes de la maladie, s'ajoutaient les symptômes provoqués par les médicaments dangereux qu'il leur prescrivait (arsenic, ciguë, mercure, etc...), ce qui aboutissait à une aggravation de l'état du malade. C'est vraisemblablement pour faire face à ce phénomène que Hahnemann eut l'idée de diluer la dose de ses drogues dans d'importants volumes d'eau ou d'alcool. Le père de l'homéopathie crut pouvoir ainsi éviter le problème d'aggravation tout en conservant au mélange son effet thérapeutique présumé. Il introduisit ce second principe à sa doctrine en 1799 et imposa, comme condition, que le mélange se fasse progressivement et qu'à chaque dilution, le flacon subisse de fortes secousses (succussions*) pour "dynamiser"* le remède3,56.
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* Voir glossaire Annexe I
Au début, l'homéopathie demeura marginale. Elle était une des écoles de pensée parmi des dizaines d'autres. Elle ne prit son envol qu'au milieu du XIXe siècle à la faveur des épidémies de choléra. En effet, le choléra provoque des vomissements et des diarrhées qui conduisent les personnes qui en souffrent à décéder des suites d'une déshydratation. Les médecins traditionnels de cette époque soignaient le choléra en pratiquant des saignées, ce qui accélérait la déshydratation. Ils tuaient littéralement leurs patients. Au contraire, les homéopathes donnaient à leurs patients des remèdes accompagnés d'un grand verre d'eau. Leurs médicaments n'agissaient pas, mais au moins, ils n'accéléraient pas la déshydratation. Leurs pertes étaient moins grandes.4
Suite à ces succès relatifs, la nouvelle médecine homéopathique connut une assez grande diffusion en Europe et dans le Nouveau Monde. En Amérique, particulièrement, l'homéopathie a connu un véritable âge d'or vers 1860 où, aux États-Unis seulement, on compta 56 hôpitaux homéopathiques, 23 écoles d'homéopathie et près de 13 000 médecins homéopathes3,50.
Au Québec
Au Québec aussi, l'homéopathie connut une certaine popularité au siècle dernier. Plusieurs médecins pratiquant l'homéopathie dans la province étaient regroupés dans une association: le "Montreal Homeopathic Association". La ville de Montréal compta même un hôpital spécialisé en homéopathie de 1894 à 1951. Le Montreal Homeopathic Hospital était d'abord situé avenue McGill, puis déménagea sur Marlowe. La désaffection de l'homéopathie par le corps médical entraîna une mutation de sa vocation vers un autre genre de médecine, puis on changea le nom de l'institution pour celui de "Queen Elizabeth Hospital"21.
Ce déclin de l'homéopathie au Québec était le reflet du recul de l'homéopathie ailleurs dans le monde. La médecine moderne, inspirée par Louis Pasteur, faisait ses preuves et les succès remportés par les nouveaux traitements entraînèrent la disparition des pratiques anciennes21.
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