Mais je sais que ce sont des hypothèses, je n'ai jamais dit autre chose. Poser des hypothèses dans le cadre d'une théorie, ce n'est pas un raisonnement circulaire. C'est tenter d'appliquer la théorie à un fait observé. Les processus physiologiques ne laissent pas de traces fossiles, on ne saura donc probablement jamais dans le détail comment le système s'est formé. On en est donc réduit à des conjonctures à partir des faits actuellement connus.
On ne connaît pas tous les détails de l'histoire de l'empire romain. Certains points de détails sont mystérieux et ne seront peut-être jamais élucidés. On peut par contre, dans le cadre de ce qu'on connaît de l'histoire, tenter d'apporter une ou même plusieurs réponses à ces questions. Doit-on pour autant conclure, à cause de ces points obscurs, que l'empire romain n'a jamais existé ou que Jules César était un Martien?
Je vous rappelle que le but de ma réponse n'est pas de vous démontrer comment le système de symbiose légumineuses-Rhizobium s'est mis en place (on ne le saura sans doute jamais), mais que l'établissement de ce système est tout à fait possible dans le cadre actuel de la théorie de l'évolution. Je vous rappelle que votre argument n'est pas qu'on ignore comment a évolué cette association (personne ici n'a jamais dit le contraire), mais qu'il est, selon vous, impossible qu'elle puisse s'expliquer dans le cadre de la théorie de l'évolution. Donc, si c'est impossible à expliquer de quelque façon que ce soit, l'évolution est un phénomène impossible et donc Dieu a tout créé d'un coup il y a 6000 ans. Depuis deux ans, ça a toujours été votre façon de raisonner.
JULIEN: Pour ma part, je ne suppose pas des possibilités et ne spécule sur rien ; je regarde le système symbiotique et je remarque qu’il n’y a pas d’étape qui ne peuvent être omises. ....Vous devriez vous attarder à démontrer que le système PRÉSENTEMENT au cœur de la discussion peut LUI existé sous une forme comportant moins d’étapes et conserver sa fonction.
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Mais il existe; toutes les étapes peuvent être omises. Certaines bactéries fixatrices d'azote sont complètement indépendantes des plantes. D'autres vivent dans la rhizosphère (l'environnement immédiat des racines) où elles profitent des matières organiques exsudées par les racines tout en fixant de l'azote pour leurs propres besoins. Une partie de l'azote fixée profite à la plante. C'est le cas, entre autre, pour certaines bactéries de la rhizosphère de la canne à sucre, du riz et d'autres graminées. Jusqu'à 20% de la production de glucides de ces plantes peut être exsudé par les racines et utilisé par les microorganismes de la rhizosphère. On peut facilement imaginer qu'il y aurait un énorme avantage pour la plante à trouver un moyen de communication avec les bactéries fixatrices d'azote de cette zone de façon à ne donneur leurs précieux sucres qu'à elles.
Dans d'autres cas, les bactéries pénètrent même les espaces intercellulaires des racines. Acetobacter diazotrophicus and Herbaspirillum sp, deux bactéries fixatrices d'azote qui vivent normalement librement, peuvent s'introduire dans les vaisseaux conducteurs de la canne à sucre où elles se nourrissent de sucre en échange de leur ammoniaque.
La coopération peut aller encore plus loin sans être aussi spécialisée que celle des légumineuses. Azospirillum brasilense, par exemple, est dépendante de l'acide malique produit par les plantes dont elle colonise les racines (plusieurs espèces au métabolisme C3). En échange, elle leur fournit de l'ammoniaque. On connaît aussi le cas d'une cyanobactérie fixatrice d'azote colonisant les filaments d'une algue (symbiose Anabenae-Azolla) d'une façon beaucoup plus simple que l'association du type Rhizobium.
Dans le cas de Rhizobium, la coévolution a poussé le système encore plus loin. Rhizobium n'a pas toujours été tel qu'elle est aujourd'hui de même que les légumineuses. Inversement, la formation de structures s'apparentant aux nodules peut être induite par certaines bactéries qui ne fixent pas l'azote (la formation de galle par Agrobacterium, une cousine de Rhizobium, est un phénomène qui s'apparente à la formation de nodules). Rhizobium ne pénètre pas toujours dans les racines par un mécanisme élaboré par la plante. Dans certains cas (l'arachide entre autre), elle pénètre par des lésions ou des fissures de la racine.
Rhizobium n'a pas nécessairement toujours eu besoin de nodosité pour fixer l'azote. Elles fixait peut-être l'azote bien avant l'arrivée des légumineuses. Au cours de l'évolution, chacun des partenaires a développé de nouvelles adaptations qui le rendait plus apte à profiter de l'autre. L'autre partenaire faisait de même. Chacun a changé. Chacun peut avoir perdu en chemins des fonctions que son partenaire remplissait mieux que lui. Le cas de Rhizobium et des légumineuses est encore plus complexe, puisque tout indique que les partenaires se sont même échangé du matériel génétique des gènes de la bactérie on été tranférés à la plante et vice-versa. Les deux partenaires se modifient si bien que leurs fonctions finissent par se compléter et qu'ils finissent par dépendre étroitement l'un de l'autre; on ne peut plus les séparer (quoi que ce ne soit même pas le cas dans le cas du Rhizobium et des légumineuses). Mais avant d'en arriver à ce point, il peut y avoir eu de nombreuses adaptations, de nombreux détours. On n'observe aujourd,hui que le résultat final. Difficile de reconstituer toutes les étapes à partir de ce seul résultat. Le fait qu'aujourd'hui chacun des partenaires dépende étroitement du travail de l'autre ne prouve en rien qu'il en a toujours été ainsi et que le système n'a pu apparaître que d'un coup, tout formé.
Et cessez de me demander des scénarios cadrant avec la théorie de l'évolution si c'est pour me répondre stupidement qu'il faut croire à l'évolution pour les accepter. C'est idiot.
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