1) Construction d'objet: activité qui consiste à créer un objet sur lequel on peut réfléchir, discuter, agir, etc. à partir de l'outillage intellectuel (culturel, language, expérience personnelle, etc.) apporté par les participants dans un environnement spécifique.
2) En médecine physique, l'expert et son patient ne participent-ils pas aussi à une construction? Bien sûr, et jusqu'à un certain point ceci explique l'effet placebo par exemple (surtout au niveau de l'interprétation du patient de ses propres symptômes). Seulement cette construction est généralement secondaire ou accessoire à l'observation directe. Pas besoin de construction socio-culturelle pour constater une fracture, faire des points de suture ou de la chimiothérapie.
3) Tout échange communicatif est-il "échange symbolique"? Oui. Sauf que pour que la psychiatrie soit vraiment objective, il faudrait s'en extirper, justement. Or, ce que je dis c'est que les tests psy, le DSM, etc. ne font ceci qu'en surface, essentiellement en produisant un *jargon* objectif.
4) Le DSM-IV serait un test d'évaluation? Depuis quand? C'est un outil diagnostique, et donc évaluatif. Je ne vois pas le problème, je n'ai pas affirmé que c'était un test proprement dit. Certains l'utilisent de façon déductive (je crois qu'il s'agit de la pathologie x, voyons si les symptômes concordent) d'autres de manière inductive (je fais un index des symptômes, puis je trouve la pathologie correspondante); à force de l'utiliser la distinction s'efface assez vite puisqu'on sait déjà ce qui s'y trouve. Quoi qu'il en soit, sa fonction primaire est d'offrir un language descriptif.
5) Pourquoi circulaire? Le DSM est basé sur les diagnostics prévalents, catégorisant les pathologies à partir de statistiques basées sur les interactions psychiatriques courantes (par exemple, il n'y a pas si longtemps l'homosexualité y figurait comme pathologie). Il ne faut donc pas s'étonner si les psychiatres trouvent que le DSM a raison, cadre avec leur expérience. Voilà pourquoi il est si puissant comme outil: il renforce, légitimise, officialise le language que le psychiatre utilise dans son interaction avec le patient et donc *domine* dans la construction coopérative de l'objet qu'est la présumée pathologie (alors qu'il faudrait probablement écouter le patient d'avantage: mais là, je n'offre pas d'alternative, je ne fais qu'observer que les pieds du colosse sont d'argile). En fait, il est courant de voir les patients adopter le language psy pour se décrire eux-mêmes. Alors la ligne entre l'observation et la création disparaît entièrement.
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