Je ne vois pas en quoi tu trouves que je fais une séparation étanche entre ces 2 notions...
« Le substrat neural explique parfaitement ce genre de perception. »
Donc tu penses qu'à partir des seules connaissances sur le substrat neuronal, on peut déduire logiquement la perception du rouge dans ses aspects qualitatifs ? Donc tu penses que Mary peut expérimenter des quales rouge, même sans jamais avoir vu de rouge ?
« Mikaël: "Les qualias pourraient ne pas exister totalement détaché du substrat neural sans pour autant être identiques à certains états physiologiques du cerveau"
Je ne crois pas. Ou ils sont totalement détachés ou ils sont produits par l'activité cérébrale. »
Dans quel sens entends-tu "produits" ?
« Il y aura toujours des "états physiologiques" du cerveau particuliers sous-jacents à certains qualia. L'étude des cas pathologiques montrent bien que des aires cérébrales particulières sont absolument nécessaire à l'émergence des qualia. En particulier les aires d'analyses sensorielles (extéro-, intéro-, noci-, proprioceptives). »
Je ne sais pas pourquoi tu penses que j'affirme le contraire... Je pense effectivement qu'il y a un corrélat physiologique à la conscience phénoménologique... un corrélat... pas une identité. Toute modification au niveau de la conscience phénoménologique peut être corrélée à une modification au niveau physiologique, je suis entièrement d'accord avec cette proposition. Là où je ne te suis pas c'est quand tu dis qu'il y a identité (donc que c'est la même chose, qu'on peut logiquement passer de l'un à l'autre...) entre la conscience phénoménologique et un certain nombre d'états physiologiques.
« Mikaël: "On peut dire la même chose des nuages, pourtant les nuages existent !"
Présente-moi une photo de quale et je te dirai que je suis d'accord »
Ben il suffit que tu regardes autour de toi : n'expérimentes-tu pas un certain nombre de sensations, perceptions, impressions (comme tu voudras) colorées ? Maintenant claques dans tes mains : tu perçois un son. Si tu y prêtes attention tu te rends compte que cette perception est d'une toute autre nature que la perception du rouge d'une tomate ou du jaune d'un citron. Maintenant ouvre ton frigo : si tu as un vieux camembert qui traîne, tu expérimenteras cette fois-ci un quale odorant...
« Si un quale est quelque chose, c'est un concept philosophique donc une abstraction pure. »
Au contraire ! Il n'y a rien de plus concret... Même un arrièré profond, incapable d'abstraction est capable d'expérimenter des quales : si on lui montre une tomate rouge, ça produira en lui un certain effet que cela fait de voir du rouge... autrement dit un quale rouge.
« Tu n'as pour l'instant pas fait la preuve conrète - autrement que par des suppositions et expériences de pensée qui, pour aussi intéressantes qu'elles soient, ne prouvent pas grand chose - de l'existence de qualia. »
Mes expériences de pensée ne visaient pas à démontrer l'existence des qualia mais à mettre en évidence leur caractère irréductible. Quant à l'existence des qualias, elle s'impose à moi comme une évidence incontestable : quand je me fais mal j'expérimente une douleur, quand je regarde une tomate rouge j'expérimente une couleur, quand j'hume cette tomate, j'expérimente une odeur, etc.
Maintenant, il est possible que tu sois un p-zombie et en ce cas, je ne pourrai jamais te prouver l'existence des qualias :-)
Mikaël
|