Ah non. Prenons le pape, par exemple. Y a pas plus à droite que le pape (bin, disons, tout en étant raisonnable). Prône-t-il le respect de la dignité humaine? Bin oui. À moins qu'on ait une définition de la dignité humaine qui diffère de la sienne. C'est le cas? Eh bien voilà une deuxième raison qui fait que gauche=dignité est faux: «dignité humaine» est encore plus mal foutu que «gauche», comme concept.
Prenons un autre exemple: pourrait-on identifier un continuum de «respect de la dignité humaine» entre l'Alliance, le parti conservateur, le parti Libéral et le NPD? Certainement que non. Il n'y a aucune corrélation entre la classification typique des partis politiques canadiens et la dignité humaine.
Exemple inverse: dans les pays où on n'a pas respecté la dignité humaine, y a-t-il une prépondérance de systèmes politiques typiquement identifiés comme étant de gauche ou de droite? Pas vraiment. ...À moins qu'on dise, comme tu le propose, que le non-respect de la dignité est de droite. Mais là tu vois bien pourquoi ça ne mène nulle part.
Par ailleurs, si on se dit «de gauche» on ne blasphémera pas contre l'horizon moral moderne qu'est la dignité humaine. Mais on ne le fera pas non plus si on se dit de droite! Et dans les deux cas, on affirmera que seul son côté prône réellement la dignité humaine. Bref, ça ne va pas mieux si on écoute les gens se définir eux-mêmes.
Bon, si j'étais acculé à un mur et devais défendre ma vie en crachant une différence généralisable qui pourrait servir de fondation à la dichotomie gauche-droite, je dirais, l'attitude face au changement (démographique, historique, scientifique, économique, social, moral). À droite on est plus troublé par le changement -- à moins que ce soit un changement vers l'arrière, bien sûr, un retour aux sources ou aux années 50 par exemple. Autrement dit, à droite il fait froid aux yeux, et à gauche on est jamais content (ou vice-versa, disons qu'il est probable que l'attitude précède la polarisation -- mais à première vue, pas nécessairement).
Mais là ce que je viens de faire, c'est de construire une partie de définition opérationnelle de l'opposition gauche-droite --- comme la tienne mais légèrement mieux foutue. Ce n'est pas un constat empirique. Je répète que dans les faits la dicho brouille les cartes et n'aide en rien l'analyse.
D'ailleurs, déjà se pointe à l'horizon un problème: le mouvement anti-globalisation: droite ou gauche? Le mouvement environnementaliste: droite ou gauche?
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