En effet. Toute variation héréditaire donnant à son porteur un avantage reproducteur, aussi infime soit-il, sera favorisée par la sélection naturelle (sauf dans des circonstances exceptionnelles).
Toute variante désavantageuse sera donc progressivement éliminée par la sélection ; mais il n'existe aucune raison recevable pour laquelle la production d'une protéine en double exemplaire conduirait à un désavantage significatif ou même à un désavantage tout court. Encore une fois, la dépense énergétique additionnelle occasionnée est si faible qu'on peut dire (et on le considère effectivement en génétique) que l'effet des duplications de gène sur l'organisme est nul : ce sont des mutations neutres.
Cela se vérifie dans la pratique : tous les êtres vivants (vous, une bactérie ou moi) ont plusieurs gènes en double exemplaire dans leur patrimoine génétique. Si l'on en supprime un, l'autre copie reste active et l'effet phénotypique (c'est à dire sur l'organisme final) est nul ; ces mutations se répandent tout simplement parce qu'elles sont neutres. Les duplications ne sont pas "visibles" aux yeux de la sélection naturelle.
Dans un message de l’enfilade, vous dites que je ne comprends pas l’évolution !?! Premièrement vous savez que c’est faux, il s’agit d’un pitoyable jeu de léchage entre vous, JF, Florence, … Ensuite, c’est plutôt vous qui fuyez en inventant au fur et à mesure des échappatoires.
Pff... Je ne nie pas que vous comprenez le concept basique de l'évolution : tous les êtres vivants sont parents et ont une origine commune. Mais il y a une grande partie de la théorie de l'évolution que vous ne comprenez pas - pas parce que vous en êtes incapable (tout le monde peut la comprendre) mais tout simplement parce que vous ne la connaissez pas.
Passons maintenant à votre casse-tête. Vous partez du principe que vous mettez face à moi une image composée de 1000 pixels (dont chacun peut adopter une couleur sur 4 possibles) et que vous changez à chaque fois une pièce de place au hasard en me demandant si je vous donne ma bénédiction (c'est à dire si je reconnais quelque chose sur l'image). Vous affirmez qu'il est impossible par ce mécanisme (grosso modo, celui d'un casse-tête standard) d'obtenir une image très différente de l'image de départ. Et, au terme d'une analogie délicieusement fantaisiste, vous concluez que la sélection naturelle ne peut pas donc pas faire changer la "fonction" d'un gène à travers une série d'étapes graduelle, chacune améliorant la survie de son porteur.
Le problème, c'est que votre analogie n'est guère que superficielle et ne s'applique qu'aux casse-têtes - pas à autre chose. La sélection naturelle n'a justement (contrairement à votre "agent discrimant", en l'occurrence un être humain) pas à "reconnaître l'image". La sélection ne reconnaît rien : elle trie les êtres vivants qui se reproduisent beaucoup et ceux qui se reproduisent moins. Il est difficile de passer d'une image représentant quelque chose de bien reconnaissable à une autre en ne changeant qu'un pixel à la fois et sans passer par des images ne représenant rien (quoique ce ne soit pas impossible), mais cela ne nous dit rien des gènes et des protéines. Tout simplement parce qu'un léger début de fonction - un ou deux pixels de commun avec une image "finale" que l'on voudrait obtenir dans votre analogie - est déjà mieux que pas de fonction du tout. Le fonctionnement des êtres vivants est quelque chose de très complexe, tout en nuances et en gradations - qui n'a rien à voir avec un processus instantané, voire binaire (de type "oui/non"), de type "reconnaissance d'image" (je vois quelque chose/je ne vois rien).
On ne peut tout simplement pas démontrer rigoureusement l'inefficacité de la sélection naturelle - tout simplement parce que c'est elle qui est à l'origine de la complexité du monde vivant actuel, et qu'aucune métaphore, aussi trompeuse soit-elle, ne pourra venir à bout de cette simple vérité. C'est sans doute une idée déplaisante, voire carrément repoussante. Mais nous ne devons pas rejeter un fait objectif de la réalité simplement parce qu'il nous déplaît - ce serait violer les principes les plus élémentaires de ce que nous avons appelé la science.
|