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Re:Re:On continue:précision, etc.


Re: Re:On continue:précision, logique, philo, etc. -- Gaël
Postée par Jean-François , Apr 02,1999,14:07 Index  Forum

Gaël: "j’aimerais bien que cette controverse coûteuse en temps et en énergie se termine enfin."

Bah, ne le prends pas comme ça, il y a dans ma démarche de ce que tu avoues toi-même (fort honnêtement, j'en conviens) du: je discute "non pour convaincre (même si parfois je me laisse prendre au jeu), mais pour connaître les autres." Je ne veux que laisser la place à une discussion, un échange d'idées, structurée et intelligente. Sans plus.

C'est pour cela que laisse de côté la discussion sur la philosophie. Aussi parce que je suis "conséquent avec [m]oi-même" ;-)

JF: "Tu me demandes aussi en quoi l’anthroplogie a bénéficié d’analogies avec la linguistique structurale. Tu as l’air très étonné par cette affirmation de ma part, et ton étonnement m’étonne en retour..."

Attention, je n'ai auncune prétention à l'omniscience! Mes études et intérêts ne m'ont pas amenés à regarder de ce côté-là. De plus, je n'en suis pas sûr, mais je crois qu'au Québec ces disciplines sont moins étudiées où connues.

Gaël: "Le fait que l’analogie ait été appliquée avec succès à plusieurs reprises dans l’histoire des sciences humaines est suffisant pour réfuter toute tentative théorique d’attaquer la validité de l’analogie."

Tout d'abord, que veux-tu dire par "appliquée avec succès"?

Je n'attaque pas la validité de l'analogie, mais je crois qu'une analogie n'a qu'une valeur d'exemple. Elle facilite la compréhension plus qu'elle ne porte de sens en elle. Je crois plutôt que les "succès" ne sont pas du à l'analogie en tant que tel (qui n'est pas "forcément créatrice, puisqu'elle n'est que transposition d'idée dans un cadre différent), mais à ce qui se passe après l'utilisation de l'analogie; à la métamorphose de l'idée contenue dans l'analogie au nouveau domaine d'application. Et, cela (toujours, d'après moi, et toujours non scientifiquement, n'est-ce pas?), entraîne la perte de la valeur de l'analogie. Et, c'est pour cela que je crois que l'utilisation d'une terminologie différente serait souhaitable dans ces cas-là.

Pour moi, les cas d'analogie en science (par exemple, l'utilisation du terme "homologue" ne veut pas dire tout-à-fait la même chose lorsqu'on parle de gènes - génétique - ou de structures biologiques - étude phylogénétique, cladistique ou traditionnelle) sont sujet à caution.

Gaël: "Et les exemples que j’ai utilisés ne sont que ceux qui me sont venus à l’esprit sur le moment, on pourrait sans doute en trouver de très nombreux autres."

Cela ne changerait rien au fait que l'analogie n'a plus de sens quand ce qu'elle voulait exprimer a entièrement été "refondu" dans le (nouveau) domaine d'application.

Tu me reproches mon: “Tu parles d’une forme de sélection, oui, mais pas de “sélection naturelle”. Et, je suis sûr que ceux qui tiennent une telle analogie font remarquer que c’est une analogie.” par: "Quelle importance de faire remarquer ou non, dans ce cas, qu’il s’agit d’une analogie ? personne ne serait assez stupide pour imaginer que les théories scientifiques possèdent un bagage génétique."

Moi, je suis persuadé du contraire. Par exemple, l'utilisation polysémique du terme évolution (voir les enfilades avec Dominic Doucet) rend malaisée la lecture de certains textes. Aussi, j'ai tendance à croire que la réification des concepts (tendance à voir les concepts ou idées abstraites comme une "chose" véritable) est une tendance naturelle de l'esprit humain. Auquel personne n'échappe, ni scientifiques ni philosophes ni religieux. Tu n'as cas lire "la mal-mesure de l'homme" de S.J. Gould pour voir comment cela peut biaiser fortement notre interprétation et utilisation des concepts.

Gaël: "n’importe quel lecteur habitué à la philosophie contemporaine sait qu’il faut prendre comme des analogie ce genre d’utilisation de concepts scientifiques, c’est une évidence."

C'est ton opinion, la mienne est que ce n'est pas une évidence. Il n'y a qu'a voir le discours des ésotérisant (les plus comme les moins "flyés") pour voir que le mélange des genres est une réalité plus forte que la séparation de ceux-ci. Et, je ne vois pas ce qui permettrait de dire que philosophes et scientifiques y échappent... lorsqu'ils se laissent aller. Car, c'est fatiguant d'être réfléchi...

Gaël: "Quand des scientifiques lisent les philosophes qui font de telles analogies, je comprends qu’il puissent être énervés par cette utilisation, et je comprend que, habitué à utiliser les concepts scientifiques dans leur sens bien précis, ils n’arrivent pas à les comprendre de la manière dont les philosophes s’en servent."

Mais, pourquoi ne font-ils pas preuve alors d'une véritable créativité, en inventant une terminologie qui leur soit propre et qui ne prête pas à confusion... et qui n'énerve pas les scientifiques? ;-)

Gaël: "Les énoncés de la philosophie, on les prend comme on veut. Chacun a le droit de les interpréter à sa manière."

C'est en gros ce que je veux dire par "corrompre les termes" scientifiques. Tu empruntes les termes, précis, à la science. Tu les utilises dans un cadre moins strict et, en plus, tu permets à tes auditeurs de les "interpréter à [leur] manière". En plus, tu reproches à ceux à qui tu as emprunté les termes de manifester du (disons) "dépit", ou d'établir des critiques, en leur disant: "mais vous ne comprenez pas que je ne parle pas de la même chose que vous?". Je trouve ça un peu fort.

Gaël: "D’autre part l’analogie est vraiment créative... quelle que soient les déformations auxquelles on livre les concepts, elles mènent toujours à des résultats intéressants dans les domaines où elles sont appliquées."

Je ne parle pas de l'art. En art, la répétition, la réédition, la duplication, ... sont des valeurs acceptées. La création artistique ne part pas des mêmes principes que la création scientifique ou même philosophique (est-ce que je dois constamment préciser que c'est mon opinion, seulement?). Donc, je saute.

Pour Freud et Jung, l'utilité véritable des analogies à surtout été de masquer le manque de fond solide de leur théorie. Je crois que l'apport de Freud est surtout grand en art, beaucoup plus qu'en psychologie. je suis parfaitement d'accord que l'économie est une science pour le moins douteuse et, qu'elle se cherche une caution en puisant dans les sciences
dites "pures", est parfaitement normal (l'astrologie le fait aussi, qu'est-ce que ça prouve sur l'intérêt et la justesse de leurs théories?)... Tout cela ne change rien au faits que, d'une part, il n,est pas vrai que les résultats sont toujours intéressant, et d'autre part, l'analogie pert très rapidement de sa valeur et ce n'est pas elle qui est vraiment créatrice (voir plus haut).

J'espère que le message est moins long? (je ne le saurai qu'après l'avoir envoyé) Et que mes idées t'apparaîtront plus claires.

Jean-François


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