Procédé manipulatoire habituel : on commence par la longue description bien pathétique d'un cas, en oubliant bien sûr de dire combien minces sont les chances d'être affecté par ce mal.
Non, bien loin de nous rassurer par des propos réalistes, on continue dans l'alarmisme bas de gamme: «Quatre-vingt-quatre Britanniques et deux Français ont subi le même sort. Et le pire est peut-être à venir. Comme la durée d'incubation de la maladie peut atteindre 10, 20 ou même 30 ans, le nombre de victimes potentielles pourrait varier de 1000 à plus de 320 000 en Grande-Bretagne. [...] Autre mauvaise nouvelle : la viande contaminée circulait en Europe dès les années 70, et non à partir du milieu des années 80 comme on le croyait naguère.»
Magnifique. Comme d'habitude on nous ressort les estimations hautes, à 320 000 morts, qui circulaient voilà quelques années, alors que les prédictions de ces modèles se sont déjà révélées fausses. Le déroulement actuel de l'épidémie fait plutôt pencher vers les estimations les plus basses, et moins que ça encore.
L'auteur n'a pas peur de la contradiction : il nous rapelle que la durée d'incubation est en moyenne d'une vingtaine d'années, que la viande contaminée circule depuis plus de 20 ans, qu'il n'existe pour le moment que 86 cas de Creutzfeld-Jacob... et il en conclut qu'on pourrait se retrouver avec 320 000 morts !!!
Ca continue avec les contradictions : "Jamais, de mémoire d'homme, cette maladie du mouton ne s'était transmise à l'homme. Des générations de bergers pouvaient en témoigner. « Ce genre de maladie ne peut franchir la barrière des espèces », disaient alors les spécialistes. Dans ces conditions, personne ou presque ne s'inquiétait lorsqu'on s'est mis à fabriquer des farines animales avec des carcasses de bêtes malades et des déchets d'équarrissage. De même, personne ou presque ne rouspétait lorsque l'on nourrissait des bovins avec ces farines suspectes"
Il qualifie de suspectes des farines alors que deux phrases avant il vient de nous expliquer pourquoi il n'y avait aucune raison de soupçonner ces farines, puisque la version ovine de cette maladie ne se transmet pas à l'homme !!! Bravo pour la logique implacable.
On fait aussi dans l'alarmisme basé sur des informations floues : «Malgré une interdiction remontant à 1989, certaines doses auraient été confectionnées à partir de sérum de boeuf britannique, donc potentiellement contaminé. Selon le journal britannique The Independent, le vaccin suspect aurait été administré à sept millions d'enfants avant son rappel impromptu. De quoi rendre fous de rage les parents, vous en conviendrez».
Oui, vous avez bien lu : CERTAINES doses AURAIENT ÉTÉ confectionnées à partir de boeuf britannique.
Pas de sources, pas de précisions. Rhétorique floue habituelle du discours alarmiste qui nous affirme qu'il y a peut-être un danger, mais sans fournir de détails ni de preuves - d'autant plus qu'un paragraphe avant, on vient de nous expliquer qu'il n'y avait aucune raison de penser que la maladie puisse se transmettre par voie sanguine !
Moi j'aurais aimé savoir combien de doses, j'aurais aimé qu'au lieu de parler de 7 millions de vaccins suspects on parle de 7 millions de vaccins dont "une partie" est "peut-être" contaminée par un agent infectieux qui a "peut-être" une petite chance transmettre à l'homme bien qu'il n'y ait pas de preuves... Avouez que dit comme ça ça fait moins peur et c'est un peu plus réaliste. Au lieu de ça, non, on nous assure qu'il s'agit là de la "palme de l'inconscience" et qu'il y a de quoi être fou de rage... Appel au pathos, encore, stratégie basique et irrationnelle, mais efficace pour déclencher la peur.
Beurk.
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