Le nouvel homme à la tête du GEPAN fut Alain Esterle, un jeune et brillant polytechnicien qui obtint rapidement un accroissement des ressources du GEPAN. Le personnel fut porté à une dizaine de personnes, et ce fut aussi une période très productive, avec la publication d'une série de notes techniques.
Au moins deux observations importantes eurent lieu dans cette période, qui furent étudiées et présentées publiquement par le GEPAN en 1983 :
Le fameux cas de Trans-en-Provence avec trace physique au sol, en janvier 1981 (Note technique No 16 : Analyse d'une trace, http://www.ufocom.org/UfocomS/trans/index.htm ).
Le cas très curieux de quasi atterrissage d'un petit ovni dans un jardin privé à Nancy, en octobre 1982, avec des effets sur les plantes (Note technique No 17, appelé "L'Amarante" d'après le nom des plantes affectées, http://www.ufocom.org/UfocomS/amarante/index.htm ).
Le cas de Trans-en-Provence, en dépit de critiques virulentes des sceptiques français, reste encore aujourd'hui l'une des meilleures enquêtes jamais publiées. Une version en anglais de l'étude a été publiée en 1990 aux Etats-Unis (Journal of Scientific Exploration), et une étude complémentaire sur les plantes par le biologiste Michel Bounias a été publiée en 1994, directement en anglais, dans le Journal of UFO Studies. Le cas est également présenté dans le livre de Sturrock, The UFO Enigma.
Il est clair que ces cas publiés par Alain Esterle furent considérés comme trop provocants par de nombreux officiels et scientifiques éminents, y compris à la direction du CNES, et les moyens du GEPAN ne tardèrent pas à être réduits. Le CNES avait d'ailleurs des problèmes budgétaires à l'époque, et ce fut un argument décisif pour retirer le soutien aux enquêtes sur les ovnis. En conséquence, Esterle quitta le GEPAN pour un autre poste au CNES, et fut remplacé par son assistant, Jean-Jacques Velasco. Les ressources et le personnel furent réduits considérablement. Dans les années qui suivirent, le Conseil scientifique du GEPAN cessa de se réunir, en dépit de demandes répétées de l'un de ses membres, Chritian Perrin de Brichambaut, inspecteur général de la Météorologie nationale. Une ultime réunion du Conseil eut lieu en 1987, peu de temps avant sa mort.
En 1988, le SEPRA remplace le GEPAN
En 1988, le GEPAN fut fermé discrètement et remplacé par une nouvelle entité, appelée curieusement Service d'Expertise des Phénomènes de Rentrées Atmosphériques (SEPRA), une appellation qui ne faisait plus directement référence aux ovnis. Ce nouveau nom se référait seulement aux débris de fusées et de satellites, mais c'est Velasco lui-même qui l'avait proposé pour permettre de continuer à surveiller discrètement les observations d'ovnis. Ainsi il put sauvegarder la recherche ovni au CNES, bien que d'une manière très limitée. Assez rapidement, il n'eut plus qu'un assistant et une secrétaire. Par la suite, l'équipe fut encore réduite, Velasco se retrouvant seul, et affecté partiellement à l'étude des ovnis. Le Conseil scientifique cessa complètement toute activité et plus aucune note technique ne fut publiée. En revanche, les accords de coopération avec l'armée de l'Air, la gendarmerie, l'aviation civile, et d'autres entités, restèrent en vigueur. De plus, le SEPRA continua à bénéficier de l'assistance discrète d'un certain nombre de gens.
Manifestement, une politique de "profil bas" avait été mise en place, et elle continue à être appliquée aujourd'hui, une évolution qui a causé une grande déception chez les ufologues, contrastant avec les grands espoirs des premières années du GEPAN. Cependant, les accusations de debunking furent une mauvaise interprétation de la situation réelle, qui était une politique de discrétion mais pas de négation totale. Personne ne voulut prendre la responsabilité de fermer complètement la recherche officielle sur les ovnis. La preuve en est la publication en 1993 d'un livre cosigné par Velasco et le journaliste Jean-Claude Bourret, intitulé OVNI : la science avance, dans lequel Velasco admettait la réalité physique des ovnis et la grande probabilité de leur origine extraterrestre. Il souligna que c'était une position personnelle, mais il avait dû obtenir l'autorisation du CNES pour le publier. De plus, le livre avait une caution scientifique sous la forme d'une préface écrite par l'astrophysicien Jean-Claude Ribes, président de la Société astronomique de France. Ribes souligna qu'il s'agissait d'un vrai livre scientifique, rédigé avec l'aide d'experts.
Ce livre montre que la communauté scientifique française n'était pas unanimement hostile à la question des ovnis. On peut dire la même chose des militaires, qui étaient restés silencieux jusqu'à la parution du rapport du Cometa. Cependant, ceux qui ont exprimé des vues personnelles positives sur les ovnis restent encore aujourd'hui une petite minorité, aussi bien dans le domaine militaire que dans les organisations civiles ou gouvernementales. Il faut le répéter, le rapport du Cometa n'a pas d'approbation officielle. Les membres du Cometa sont des personnes indépendantes qui ont décidé de publier leur rapport dans l'espoir de relancer les études officielles en France. Dans ce contexte, les attaques virulentes de certains ufologues sont dénuées de tout bon sens.
Développements récents
En 1995, une réunion d'information sur les ovnis fut organisée au sein de la Direction du Renseignement Militaire (DRM). La DRM avait été créée en 1992 en regroupant plusieurs branches du renseignement militaire, avec des bureaux sur la base aérienne de Creil, dans l'Oise. Une étude fut produite peu de temps après, mais il s'agissait là d'actions de faible portée. Cette étude, intitulée Implications militaires du phénomène des ovnis, avait en fait été rédigée par un jeune diplômé d'université qui faisait là son service militaire. Il est permis de supposer qu'un suivi plus sérieux de la question ovni existe à d'autres niveaux dans le monde militaire. Mais il n'y a pas d'indications que des secrets profonds y seraient enfouis. En fait , le rapport du Cometa, par son existence même, suggère plutôt le contraire.
Traduction Gildas Bourdais
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