Cela dit, le problème c'est que vous exagérez énormément l'importance du «spontané» dans l'art--bien qu'il faudrait définir plus précisément ce que vous entendez par «spontané»: faites-vous simplement référence à une question temporelle, peu de temps=spontané, beaucoup de temps=réfléchi? Qui est-ce qui disait que l'art c'est 1% d'inspiration et 99% de transpiration? Enfin, ma réponse est oui, les artistes réfléchissent pour créer. Pas si on inclut dans la catégorie «réflexion» seulement ce que fait un mathématicien se penchant sur un problème, mais certainement dans le sens impliquant une activité cérébrale de comparaison, d'agencement, etc. qui peut très bien inclure des émotions comme objets. Créer ce n'est pas «tirer du vide». Dans le cas d'artistes qui veulent vraiment faire dans le spontané, style garrochage de peinture sur une toile géante, je dirais qu'en fin de compte ça devient répétitif, mais de toute façon, ce qui est intéressant dans tout ça c'est au moins autant le concept que la toile résultante. Et un concept, c'est réfléchi (oops, je commence à faire comme vous là, avec «concept réfléchi»). Je viens d'apprendre que Barry Manilow a composé «Copacabana» en 11 minutes (je me demande s'il compose toujours avec un chronomètre en main. Ça expliquerait bien des choses). Quel artiste, tout de même! Enfin, vous voyez ce que je veux dire: la réflexion ça ne nuit pas à l'art, ça en fait partie.
De toute manière je ne vois pas en quoi ça nous aide ici ni où vous voulez en venir. Il n'existe pas de mouvement culturel chez les animaux parce qu'ils n'ont pas de culture. Ce qu'on appelle «culture» chez quelques rares espèces n'est qu'une codification de base directement ancrée dans les besoins primaires instinctifs. Ces besoins ne changent pas, donc la «culture» qui en découle non plus. Mais attention: il y a bien des sociétés humaines où la culture ne change jamais (en Alberta, par exemple). Biologiquement parlant, ces gens sont pourtant aussi évolués que vous. Je répète donc: les changements culturels sont indépendants de l'évolution néo-darwinienne telle que comprise aujourd'hui.