Vous dites : «Vous illustrez de manière typique la situation que je déplore. “LA SEULE”. “CORRECTEMENT”. Non, je crois que vous vous trompez. La science dresse des cartes qui, si elles ont le mérite d’être de plus en plus précises, n’en demeurent pas moins des modèles, des représentations. Or, “la carte n’est pas le territoire”, un non-axiome que j’ai toujours en tête lorsque j’aborde ce type de questions.»
Ais-je dit autre chose ? Je suis entièrement d’accord. Si je pensais que la science appréhendait la réalité elle-même (quoique je n’aime pas, mais pas du tout, utiliser le concept de “réalité”), j’aurais écrit que la science était la seule méthode valable pour révéler la réalité. Or j’ai dit que la science décrivait correctement le monde (tout comme je dirais d'une carte qu'elle décrit correctement un territoire) : c’est bien la preuve que je fais clairement la différence entre la “réalité” et sa description, entre la carte et le territoire. Comme vous et comme presque tout le monde ici, j’ai les connaissances suffisantes en épistémologie pour comprendre ces notions de base et les avoir toujours à l’esprit.
Vous dites encore : «Premier pavé dans la mare: la science ne peut donc pas tout expliquer! Et pour cause, ce n’est ni sa destination ni son utilité première. L’approche scientifique dans la construction de la réalité n’est qu’un des facteurs permettant d’avoir une compréhension plus globale du monde. Remarquez que je ne souhaite pas la disparition de la science, je souhaite plutôt qu’elle cesse de prétendre à l’universalité des connaissances.»
Bien sûr que la science ne peut pas tout expliquer ! Encore une fois, ai-je dit le contraire ? La science use de méthodes très strictes qui ne peuvent pas s’appliquer à tous les phénomènes.
Par contre, que la science ne puisse pas tout expliquer ne permet en rien de supposer que d’autres approches (par exemple la foi) soient utiles pour expliquer quoi que ce soit. En fait on pourrait même dire que toutes les autres approches ont jusqu’à présent surtout prouvé leur prodigieuse capacité à engendrer des erreurs.
Donc jusqu’à preuve du contraire, la science reste la seule approche à peu près valable de la réalité. Ce qui ne signifie évidemment en aucun cas qu’elle peut toucher à “l’universalité des connaissances”. Je trouverais totalement ridicule de penser que nous puissions atteindre un jour la connaissance universelle, que ce soit grace à la science, la foi, ou quoi que ce soit d’autre.
Ody : “En second lieu, prenez les précautions que vous voulez et jamais vous n’arriverez à éliminer le facteur subjectif. Nier son existence, c’est déjà faire preuve de subjectivité. Non, ne répondez pas par les protocoles, les méthodes éprouvées. Ces protocoles ont fait l’objet d’un choix, d’un jugement humain à la base.”
Bien sûr, on ne peut pas l’éliminer totalement, mais on peut l’occulter suffisamment pour parvenir à certaines certitudes “objectives”.
Quant au protocoles, ils font l’objet d’un choix, mais basé sur l’expérience : car les protocoles actuels de la méthode expérimentale ont prouvé depuis longtemps qu’ils étaient les meilleurs que nous ayons pour éliminer au mieux la subjectivité. En avez-vous d'autres à proposer ?
Ody : «la démarche part du chercheur, qui établit ses plans de recherche et qui par exposition de ses travaux et confrontation avec ses pairs, peut par l’unanimité des points de vue, amender son approche et sa problématique»
Que voilà une conception bien “post-moderne” et relativiste de la science ! Donc pour vous la “vérité scientifique” ce n’est que l’accord entre les subjectivités des chercheurs ?
Pour moi ce n’est pas que ça. C’est surtout un ensemble de théories qui permettent de faire des prédictions, et aussi de réaliser des applications fonctionnelles. Donc ces théories sont des descriptions à peu près correctes (ou du moins suffisantes) du monde, quelle que soit la “réalité” qui est derrière - et je trouve surtout qu’on devrait éviter de philosopher, éviter de parler de la réalité, et se contenter d’utiliser nos théorie. Lisez “l’aveuglante proximité du réel” de M. Bitbol, qui expose des idées assez éclairantes à propos de la “réalité”.
Ody : «Quant à Einstein, vous dîtes qu’il aurait été très bien accueilli sur ce forum parce que ses travaux sont connus et acceptés depuis très longtemps. Vous raisonnez avec des a posteriori. Remontez de 90 ans dans le passé et suivez les débats entourant ses théories... Vous vous instruirez. Et n’oubliez pas qu’il proposait une manière non-conventionnelle d’aborder l’étude de l’Univers, et que la Science est avant tout affaire de conventions. Bien entendu, la force et la rigueur de ses travaux ont forcé la main aux “sceptiques” et par synchrétisme, la communauté scientifique a désormais inclus dans son système de représentation de l’Univers une vision non-euclidienne.»
Merci mais je connais un peu mon histoire des sciences. Et relisez mon message, je n’ai rien à y rajouter à ce sujet. Je ne raisonne pas à postériori, et je ne dis pas que les théories d’Einstein auraient été acceptées sur ce forum : je dis seulement qu’Einstein aurait été bien accueilli, simplement parce qu’il raisonnait comme un scientifique et avait les moyens de soutenir ses idées, et que la discussion avec lui aurait donc été possible (tout comme aujourd’hui la discussion semble possible avec vous, alors qu’elle ne l’est pas avec Gatti). Cela ne signifie pas forcément qu’il nous aurait convaincu, mais les résistances dont nous aurions fait preuves sont les soupapes de sécurité normales de la science : il est naturel que les théories trop révolutionnaires provoque des résistances et doivent faire leurs preuves de manière plus flagrante que les autres théories - comme je l’expliquais à propos de la parapsychologie dans un message ici datant de quelques jours.
Ody : «Quant à Gatti, mais que diable vient-il faire dans votre intervention? Il me semble bien que je n’y ai fait aucune allusion. Ah oui, faut se raccrocher à des “faits”...»
Gatti est là car je pensais que votre manière de dire que si un génie arrivait sur ce forum avec une théorie révolutionnaire, même juste, il serait rejeté, était une manière de défendre Gatti, qui se prend ici depuis des semaines pour un génie incompris par des scientistes bornés.
Mais puisque ce n’est pas à ce personnage que vous faites référence, pouvez-vous me dire sur quoi se basent vos attaques contre les sceptiques ? Car, oui, il faut des faits, et il faut nous donner des exemples avant de nous accuser de tout et de n’importe quoi, surtout quand visiblement vous comprenez aussi mal notre démarche, en vous faisant toutes sortes d’idées sur les “croyances” que nous sommes censés défendre.
Gaël.
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