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Re:Re:Re: de pire en pire!!


Re: Re:Re: de pire en pire!! -- Gene
Posted by Gaël , Dec 24,2000,14:28 Index  Forum

Gene ;"C'est bien ce que j'avais compris: il n'y a plus de bien ni de mal, c'est relatif. Et bien moi je vous dis que des gens comme vous on devrait les enfermer."

Alors il faudra aussi enfermer la plupart des philosophes modernes. Car vous qui prétendez parler d'un point de vue philosophique, vous ne semblez pas en avoir lu beaucoup.


Gene :"J'avais déjà donné antérieurement une base pour le jugement."

Oh, j'imagine bien que vous avez énoncé antérieurement vos a-priori comme autant de dogmes sur lesquels votre réflexion circulaire se base. C'est justement cette base que je n'admet pas.


Gene : "Mais vous préférez vous en tenir évidemment à votre conception personnelle et absolue!"

Parler de ma conception "absolue" est une belle bourde étant donné que c'est vous qui soutenez l'existence absolue de la vertu, et moi qui en ai une idée relative.
Le rasoir d'Occam me force à vous dire que ma conception personnelle, étant plus simple et plus évidente, sera juste tant que vous n'aurez pas prouvé que la "vertu" en soi existe. Bonne chance, et essayez de vous initier à la philo avant de répondre.


Gene : "Vous seriez prêt à me faire croire que dans les gènes on trouve la morale, le sens du rythme, la créativité, l'intelligence, l'émotion, l'oreille musicale, le caractère etc.."

- La morale : certainement pas puisque celle-ci est une pure construction culturelle. Par contre je ne vois pas pourquoi il serait impossible que certains comportements considérés comme "immoraux" - comme la violence - puissent avoir en partie des origines génétiques. L'étude de Konrad Lorenz sur l'agressivité va dans ce sens, et des travaux très controversés sur le gêne de la violence ont longtemps défrayé la chronique. Si des gênes jouent un rôle dans certains troubles mentaux (comme la schizophrénie), pourquoi ne pourraient-ils pas aussi avoir une influence sur d'autres troubles comme les comportements violents ?

- Le sens du rythme et la a créativité : Pourquoi pas ?

- L'intelligence et le caractère : en partie oui, probablement, car quelques études sur des jumeaux montrent que le QI est héritable à environ 50%, ainsi que plusieurs aptitudes cognitives (dont certaines sont liées à la créativité ou au sens du rythme).
Maintenant ça dépend aussi de ce que l'on définit comme l'intelligence. Il y a évidemment une dimension culturelle. Il n'existe peut-être rien que l'on puisse appeler "intelligence", les études sur celle-ci ne faisant alors que mesurer maladroitement des capacités diverses et mal définies, en rapport avec la logique ou la faculté d'adaptation par exemple. Dans ce cas, il serait tout aussi vain de chercher la source de l'intelligence dans un "don" que dans les gênes. Par contre dans le cas précédent (intelligence héritable), les gênes sont de loin la meilleure explication, parfaitement soutenue par les données expérimentales.
Remarquez que dans les deux cas, l'explication par le "don" est totalement inutile.

- L'émotion : celle-ci dépendant en partie de facteurs hormonaux, il est logique de penser que les gênes puissent jouer un petit rôle. Et les émotions les plus vives et les plus universelles - amour ou haine par exemple - ont sans doute pour base un héritage commun de notre animalité. D'une certaine manière, on peut presque dire que l'amour existe. Rassurant, non ?
Quant aux émotions plus légères elles restent relatives et varient selon la culture : nous pouvons nous émouvoir en écoutant Bach, mais un inuit n'ayant pas encore eu de contacts avec la civilisation occidentale, en écoutant Bach, ne comprend même pas qu'il s'agit de musique (lisez le bouquin classique de Malaurie sur les inuits de Thulé).
Quel besoin d'aller mettre des "dons" là-dedans ?

- L'oreille musicale : il faudra que je cherche la référence, mais j'avais lu une étude sur des enfants de personnes ayant une oreille absolue, tendant à prouver que celle-ci est en partie héritable, la zone du cerveau en rapport avec la musique étant souvent hypertrophiée de père en fils quand ceux-ci ont tous deux l'oreille absolue.
Si cette hypertrophie est de naissance, cela doit être génétique et l'hypothèse des "dons" ne sert à rien.


Gene : "J'ai ma voisine qui a le caractère de son père mais qui a été élevé par sa mère, j'ai un ami artiste qui vient d'une famille de menuisier, je suis moi-même artiste et mes trois autres frères sont incapables de chanter ne serait-ce qu'une note juste etc..."

Qu'est ce que c'est sensé prouver ? Ne pouvez-vous pas admettre que de très légères différences dans le vécu de chacun puissent parfois mener à des personnalités et des aptitudes totalement différentes ? C'est ce qui se passe en physique : d'infimes différences dans les conditions initiales d'un système complexe (comme le sont la plupart des systèmes) peuvent mener à court terme à des résultats totalement opposés. Si c'est vrai en physique, cela devrait à plus forte raison l'être à propos des sytèmes autrement plus complexes que sont les phénomènes sociaux et psychologiques, où une infinité de facteurs différents viennent influencer le résultat.

D'ailleurs, puisque la vertu n'est pas une donnée absolue, le fait qu'il puisse y avoir des (sans doute rares) familles dont un enfant est criminel alors que l'autre devient prêtre, est la meilleure preuve que les gênes et l'éducation ne sont pas tout et que les aléas du vécu de chacun peuvent peser très lourd dans la formation de la personnalité d'un individu.

G.

Eh bin...heureusement que j'avais du temps à perdre, ça ne m'arrivait pas souvent ces derniers mois. Je vous laisse, j'ai du foie gras et du homard à aller avaler.


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