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Re:Re:Rex:Argumentation par l'ignorance et évolution


Re: Re:Rex:Argumentation par l'ignorance et évolution -- Jean-Francois
Posté par 7 tiques , Jun 07,2002,03:55 Index  Forum

Je m'insurge simplement contre votre affirmation du fait de l'évolution.

"Ensuite, je vois vraiment pas le problème avec les "ancètres communs" ni avec les mécanismes de changement? Bien qu'on considère aujourd'hui qu'il est impossible d'affirmer avec certitude que tel ou tel fossile est absolument l'ancêtre de tel ou tel animal actuel, il existe suffisamment de fossiles pouvant être considérés comme ancêtres ou grand-cousins probables d'espèces actuelles. Ensuite, les mécanismes génétiques soutendant l'évolution commencent à être élucidés.(Voir, par exemple, sur les mécanismes possibles permettant l'évolution de la mâchoire: Kuratani S, Nobusada Y, Horigome N, Shigetani Y.)"

Pour l'instant, il n'y a pas de preuves empiriques (vous parlez vous-mêmes d'"ancêtres probables" et de "mécanismes possibles") mais des hypothèses de travail. On ne peut donc pas parler du "fait" de l'évolution. Vous ne faites pas preuve de scepticisme dans le cas présent.

Suite du résumé :

Critique de l’article de Gould « L’évolution : fait et théorie » par Philipp E. Johnson :

« Les faits sont les données de l’univers. Les théories sont des structures d’idées qui expliquent et interprètent les faits. Les faits ne disparaissent pas quand les scientifiques débattent des théories antagonistes qui prétendent les expliquer. La théorie de la gravitation d’Einstein a remplacé celle de Newton, mais les pommes ne s’immobilisent pas au beau milieu de leur chute en attendant que le débat soit tranché. Et les êtres humains ont évolué à partir d’ancêtres qui ressemblaient à des singes, qu’ils l’aient fait selon l’explication proposée par Darwin ou par un autre mécanisme qui reste encore à découvrir. »

L’analogie est trompeuse car nous observons directement que les pommes tombent lorsque nous les lâchons, mais nous n’avons jamais observé directement d’ancêtre commun pour les singes et les hommes modernes. Nous observons simplement que les singes et les humains sont biochimiquement semblables.

Gould trace la ligne de démarcation entre fait et théorie au mauvais endroit et la distinction se vide naturellement de sens. Pour lui, la théorie concerne uniquement la sélection naturelle, tandis que la descendance avec modification reste un fait. Mais, déguiser la théorie en fait ne sert pas d’autre but que de la protéger de toute remise en question.

La première preuve de Gould :

« D’abord, nous avons des preuves abondantes, directes et observables d’une évolution à l’œuvre, à la fois sur le terrain et dans nos laboratoires. Ces preuves vont depuis les innombrables expériences sur les modifications de pratiquement tous les aspects des drosophiles lorsqu’on les soumet à la sélection artificielle en laboratoire, jusqu’aux célèbres populations de phalènes britanniques qui virèrent au noir quand la suie industrielle vint obscurcir les arbres sur lesquelles elles se posaient. (Les phalènes se protègent de la vue perçante des oiseaux prédateurs qui les entourent.) Les créationnistes ne nient pas c »es observations : ils ne le peuvent pas. Mais ils ont resserré leur argumentation. Ils affirment maintenant que Dieu a seulement créé des « genres élémentaires » et qu’il a laissé une latitude relative à l’évolution à l’intérieur de ces genres. C’est ainsi que les caniches nains et les danois viennent du genre « chien » et que les phalènes peuvent changer de couleur, mais la nature ne peut pas changer un chien en chat ni un singe en homme. »

Gould a raison : tout le monde est d’accord sur la micro-évolution. Même les créationnistes s’y sont ralliés, non parce qu’ils ont revu leur théorie mais parce que leur doctrine a toujours été que Dieu a créé des genres qui se sont diversifié par la suite. Le sujet de discorde est donc de savoir si la micro-évolution prouve la macro-évolution.

Gould admet que les premières étapes vers la macro-évolution (la spéciation) demandent beaucoup plus que l’accumulation de micro-mutations là où d’autres darwinistes font appel à de la mauvaise philosophie pour s’en sortir. Mark Ridley affirme « Tout ce dont on a besoin pour prouver l’évolution est une micro-évolution observée, ajoutée à la doctrine philosophique de l’uniformitarisme qui, dans la forme où on en a besoin ici, est le soubassement de toute science ». Les scientifiques supposent que les lois de la nature ont été uniformes toujours et partout mais ils ne supposent pas que les règles qui gouvernent l’activité à un niveau de grandeur s’appliquent nécessairement aux autres niveaux de grandeur.

La seconde preuve de Gould : l’imperfection.

Gould change de sujet et s’en prend aux créationnistes. Note du traducteur (Laurent Guyénot): En polémique darwiniste, il est courant de tourner les créationnistes en dérision lorsqu’on est à court d’arguments.

« Le deuxième argument – selon lequel l’imperfection de la nature révèle l’évolution – semble paradoxal à beaucoup de gens, car ils pensent que l’évolution est tenue de se manifester avec un maximum d’élégance dans l’adaptation presque parfaite qu’expriment certains organismes – dans la courbure d’une aile de mouette ou dans l’invisibilité des papillons parmi les débris végétaux en raison de la précision avec laquelle ils imitent les feuilles. Mais la perfection pourrait être imposée par un créateur avisé aussi bien qu’avoir été mise en place par la sélection naturelle. La perfection camoufle les traces de l’histoire passée. Et l’histoire passée, c’est la descendance, autrement dit l’évolution elle-même.
L’évolution se manifeste dans les imperfections qui témoignent de cette descendance. Si un rat court, si une chauve-souris vole, si un marsouin nage et si, moi, je dactylographie cet essai avec des structures formées à partir des mêmes os, c’est que nous les avons tous héritées d’un ancêtre commun. Un ingénieur, partant de zéro, pourrait dans chacun des cas concevoir des membres mieux adaptés. Si tous les grands mammifères d’Australie sont des marsupiaux, c’est qu’ils descendent d’un ancêtre commun isolé sur cette île-continent. Les marsupiaux ne sont pas « mieux », ou idéalement adaptés à l’Australie ; beaucoup ont été éliminés par des mammifères placentaires importés des autres continents par l’homme. »

Ce n’est pas en spéculant sur ce que Dieu aurait fait que l’on peut se passer de preuves empiriques établissant la réalité des ancêtres communs. Cette spéculation ne fait rien pour confirmer que des processus naturels ont pu transformer les ancêtres supposés en descendants. Le but de la science est de voir si une cause matérielle peut être établie par l’investigation empirique. Si la biologie évolutionniste se veut être une science plutôt qu’une branche de la philosophie, ses théoriciens doivent être prêts à se poser la question scientifique : Comment l’hypothèse de Darwin – la descendance avec modification – peut-elle être confirmée ou infirmée ?

A suivre : La réponse à la question ci-dessus et la critique de la 3ème preuve de Gould (les exemples de transformations macro-évolutives : "reptiles-mammaliens" et "hommes-singes").


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