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"Bin lâ", comme dirait Pinard...


Re: Re:L'Amourologie... La nouvelle science de l'amour. -- Stéphane
Postée par Ody , May 21,2000,14:05 Index  Forum

"Décidément, on obsède avec l'amour. Dites-nous, comment savez-vous qu'il s'agirait de manifestations et non de la chose elle-même? Posséderiez-vous à l'avance une connaissance parfaite du sujet?"

Vous éludez ma question. Affirmez-vous que vous mesurez l'Amour ou ses manifestations?

"Mais là, effectivement, vous mettez le doigt sur une limitation importante de la science: plus il y aura d'individus comme vous, plus il y aura de chances qu'on vote des lois excluant une foule de sujets de l'approche scientifique. Ou qu'on vote des lois sans égard à la connaissance scientifique."

Elle est forte celle-là! Moi qui comdamne Newton pour avoir décidé que ses calculs sur le temps requis pour le refroidissement de la Terre étaient faussés car ils indiquaient 50,000 ans alors que la Bible disait qu'elle était agée de 6,000 ans seulement! Moi qui combat tout intégrisme, scientiste ou religieux! Vous voyez seulement ma partie du combat contre l'intégrisme sur ce forum! Je ne cherche pas à abattre la Science, je cherche à lui définir un rôle qui lui va parfaitement et à lui enlever la prétention de tout expliquer, ce qu'elle ne peut manifestement pas faire. Quand elle aura faite ses preuves dans tous les domaines, alors j'abonderai dans votre direction. Pour l'instant, elle n'explique pas tout et tant qu'elle ne le fera pas, elle peut chercher à tout expliquer (très sain) mais pas prétendre pouvoir le faire tant qu'elle ne l'a pas fait.

"Bin non, on ne mesure pas que les comportements. (...) Une approche qui compare les façons variées par lesquelles les gens construisent leur réalité affective et interprètent leurs émotions"

À travers quoi? Leurs comportements, peut-être?

"Votre interprétation de la science est probablement trop étroite. "

Ah oui? Où sont les Lois de la Sociologie? Ont-elles été expérimentées, vérifiées avec succès, avez-vous reproduit vos expériences? Que vous ayiez une méthode scientifique, certes. Que la sociologie soit une science, là non.

Je suis notamment historien, diplômé d'un bac spécialisé en histoire. J'ai fait de la recherche pour le professeur René Hardy (UQTR) sur la justice populaire, à l'aide de méthodes empiriques, tant dans le domaine quantitatif que qualitatif. L'histoire n'en est pas moins restée une discipline et pas une science. Nous utilisons, comme historien, les même méthodes que les sociologues, anthropologues, etc. La prétention des "Sciences sociales" au statut de Science est une conception positiviste et il serait temps que vous vous remettiez à étudier les approches méthodologiques. Bloch, Braudel, Chaunu et les autres ont démontré suffisamment que si la méthode empirique est à retenir, en revanche ce qu'on fait des données recueillies est uniquement une démarche comparative ET interprétative, qui repose donc en bonne partie sur les fondements subjectifs du chercheur.

"on y forme des hypothèses testables, on y est sujet à la critique, on modifie, on avance"

"Métaphysiques discursives objectivement rectifiées", Bachelard, G. Le Nouvel Esprit scientifique.

En socio, histoire, anthropo, on teste par comparaison et en aucun cas on ne peut aller plus loin, si tant est que l'on ose aller jusque là, que des théories, qui reposent sur un mélange d'axiomes (dont la 'problématique', mot si souvent employée à tort et à travers) et d'observations. Où est l'expérimentation, où est la reproductibilité des expériences? Elle sont impossibles.

Une fois une problématique établie, le chercheur s'enfonce dans les documents, les rapports, les chiffres, les observations sur le terrain, à la recherche d'éléments similaires à ses postulats et il en revient avec une monographie, un article, disant que oui, sa problématique s'est vérifié, ou non, elle s'est vue infirmée et elle a du être retravaillée. C'est une approche méthodique scientifique, soit. Ça n'en fait pas pour autant une science. Et je ne crois pas être trop difficile dans mes critères, parlez-en à des chercheurs dans les domaines de la physique, par exemple.

"Bref, tout ce qui vous pue au nez"

Affirmation gratuite. Au contraire, je suis très intéressé par la critique. Quand on soumet des hypothèses, on aime bien que ces hypothèses soient critiquées. C'est quand on déborde de la critique des hypothèses que ça me pue au nez. Comme vous avez fait à travers cette affirmation... Ça n'étaye pas votre point de vue, pas du tout. Peut-être est-ce que ça peut vous rendre populaire sur ce forum?

"Prenons le génie génétique, par exemple, qui a décollé de façon spectaculaire dernièrement. Avez-vous de bonnes raisons de croire que, dans disons 2 ans, on ne trouvera subitement plus rien?"

Il y a 40 ans, on disait qu'on allait résoudre le problème du cancer dans les 20 prochaines années grâce à la chirurgie et à de nouveaux médicaments. Quid le cancer en 1980? Quid le cancer en 2000?

On a exploré la voie chirurgicale, rien de définitif. On a exploré la voie chimique, rien de probant. On a exploré la voie préventive, rien de probant. On explore la voie génétique, rien encore de probant. Par contre, en combinant tout ensemble, on augmente le taux de survie.

On sait que certaines substances sont cancérigènes, que certains gènes prédisposent au développement d'un cancer, que même les attitudes/états mentaux ont une incidence sur le développement du cancer. Rien n'est déterminant. La voie génétique n'est pas un cul de sac, pas plus que les autres voies. Mais ce n'est pas la panacée non plus. Et elle n'explique toujours pas pourquoi un cancer se développe ici et pas ailleurs, elle n'explique toujours pas ce qui le déclenche, ce qui le résorbe inexplicablement (les fameux "miraculés" du cancer).

La science a compris depuis au moins 20-30 ans, minimum, que la multidisciplinarité est la solution la plus efficace pour résoudre de tels problèmes. N'est-ce pas une approche... holistique? Ha! La vérité d'aujourd'hui est l'illusion d'hier. Aphorisme, certes, mais vérifiable à travers les avancées scientifiques.

Voyez-vous, j'ai une très haute opinion du rôle de la science. Je considère qu'elle est un outil indispensable pour résoudre ou expliquer des phénomènes qui font partie du questionnement des humains. Mais comme toute activité humaine, elle a ses limites et comme approche qui prétend ne retenir que ce qui est vérifiable et vérifié, ses tenants doivent avoir l'honnêteté de reconnaître les domaines où la science n'est PAS compétente et reconnaître l'existence et la possibilité aux "non-sciences" de pouvoir trouver des explications temporaire ou probatoires.

Si la Science ne peut apporter un résultat tangible, de par ses propres critères méthodologiques, elle ne peut prétendre éliminer les autres explications tant qu'elle n'a pas fourni la preuve que la sienne est meilleure.

Les religions vous font chier? Alors prouvez 1) qu'elle sont inutiles et ne servent à rien dans l'activité humaine, 2) que Dieu, Krishna, le Grand Patatchoum Vert ou le Grand Poubah Dôré et cie n'existent pas et qu'à la place existe autre chose ou rien, 3) que la Science peut avantageusement remplacer ces croyances dans l'utilité qu'elles ont pour ces humains.

À ma connaissance, la Science n'a jamais réussi à trouver un moyen pour un alcoolique d'arrêter de boire. Le 'plusse-meilleur-moyen' (démontré par les études) est, jusqu'à présent, les meetings des AA et d'accepter de s'en remettre "au Bon Dieu d'Amour" et de lui demander de l'aide. Effet placébo? Peut-être. Mais la Science parle d'effet placébo par défaut, elle est incapable de trouver un "plusse-meilleur-moyen". Elle peut étudier cet effet mais pas (au 20 mai 2000 et à ma connaissance) trouver le moyen de solutionner l'alcoolisme. Ce que je reproche aux sceptiques, c'est de vouloir tuer ces moyens qu'ont les masses de soulager leurs misères physiques, morales ou psychologiques, en leur 'démontrant' (souvent faussement) que leurs moyens sont illusoires et que la Science va, un jour, y pourvoir.

En attendant, les Prozacs, Zoloft et cie soulagent la dépression, ils ne la guérissent pas. Par contre les psychothérapies (y compris celles des profondeurs que les Sceptiques condamnent tant, cf. Skepdic) y parviennent définitivement, pas dans tous les cas mais elles y parviennent quand même définitivement. Hasard? Prouvez-le. Effet de l'attention d'un thérapeute? alors c'est que la Science a trouvé comment guérir la névrose dépressive. Pourquoi y a-t-il encore tant de dépressifs?

J'ai vu récemment un titre: "100 ans de psychanalyse et il y a plus de malades qu'avant". Un écrit 'sceptique'. Cet article ne tient pas compte de l'évolution de la notion de normalité, de maladie, des modifications du mode de vie, des impératifs économiques, des mutations des rôles sexuels, etc. Seulement, il 'démontre' que la psychanalyse n'a pas guéri le monde. La Science l'a-t-elle fait? Non. Alors que la concurrence s'installe et c'est à qui réussira le mieux. Mais je reproche aux sceptiques de ne pas laisser cette concurrence s'établir. J'en veux pour preuve, notamment, ce Skepdic qui condamne péremptoirement, sur des informations parcellaires et choisies, des approches qui soulagent les gens, comme la psychanalyse.


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