Non, non, non, je n'ai jamais dit ça. Ce que j'ai dit c'est qu'il n'y a pas de raison d'arbitrairement décider à l'avance, «ceci ne sera jamais connu par la méthode scientifique».
Au contraire, il y a des indices sérieux que la science ne s'arrête jamais d'elle-même aux considérations arbitraires, qu'elles soient religieuses, humanistes ou nouvel-âgeuses. Il y a toute l'histoire de la science comme indice, mon vieux. Jusqu'ici, en général on a réussi à découvrir pas mal de choses sur pas mal de sujets et utilisant une méthode empirique/rationnelle. Et en se tournant vers le futur, je ne vois pas, au contraire, d'indice (sérieux ou non) me disant que cette progression devrait s'arrêter. Et vous? C'est pas de la foi, c'est une simple observation. J'ajoute par ailleurs que si la progression devait effectivement s'arrêter, elle s'arrêterait: ceci ne vous donne pas le moyen de le savoir à l'avance, ou d'exclure arbitrairement à l'avance des champs entiers de connaissance. Prenons le génie génétique, par exemple, qui a décollé de façon spectaculaire dernièrement. Avez-vous de bonnes raisons de croire que, dans disons 2 ans, on ne trouvera subitement plus rien?
Mais là, effectivement, vous mettez le doigt sur une limitation importante de la science: plus il y aura d'individus comme vous, plus il y aura de chances qu'on vote des lois excluant une foule de sujets de l'approche scientifique. Ou qu'on vote des lois sans égard à la connaissance scientifique.
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«"On peut mesurer l'activité cérébrale qui correspond à ce qu'on appelle l'amour". Êtes-vous conscient que vous mesurez des manifestations et pas la chose elle-même? Vous pouvez bien en déduire ce que vous voulez, ce sera toujours affaire d'interprétation.»
-->Décidément, on obsède avec l'amour. Dites-nous, comment savez-vous qu'il s'agirait de manifestations et non de la chose elle-même? Posséderiez-vous à l'avance une connaissance parfaite du sujet?
«"(...) on peut dresser des cartes assez précises du phénomène culturel qu'est l'amour en passant par l'anthropologie, la socio et l'ethnologie"¨. À ma connaissance, l'anthropologie, la socio et l'ethnologie ne mesurent pas autre chose que des comportements, donc des manifestations de traits culturels. Et on dit "mesure" alors qu'on devrait plutôt parler d'observations et de déductions.»
-->Bin non, on ne mesure pas que les comportements. Voyons donc, où allez-vous chercher ça? Si on nous dit que l'amour est une expérience subjective, il me semble qu'une approche qui tente de connaître cette expérience à travers la manière dont les gens la décrivent est indiquée. Une approche qui compare les façons variées par lesquelles les gens construisent leur réalité affective et interprètent leurs émotions. Eh bien, c'est ça la sociologie (en partie du moins).
Étudier seulement le comportement. Non, mais.
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«Ces disciplines ne sont pas des sciences, elles utilisent la méthode scientifique certes mais ça n'en fait pas des sciences pour autant. Qu'en avez-vous à dire?»
-->Votre interprétation de la science est probablement trop étroite. Non, les sciences sociales ne produisent pas la même sorte de connaissance que les sciences naturelles, parce qu'elles se penchent sur un objet pensant. Cela dit, on y utilise des méthodes empiriques et une méthodologie déductivo-nomologique ou inductive; on y forme des hypothèses testables, on y est sujet à la critique, on modifie, on avance. Bref, tout ce qui vous pue au nez. On peut bien sûr continuer de débattre le statut scientifique des sciences sociales, mais voyez-vous, les sociologues sont déjà parfaitement conscients des limitations de ce qu'ils font, et en tiennent déjà compte dans leur effort théorique.
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