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Procaryote->eucaryote : suite... et fin ?


Re: Re:Re:Procaryote/eucaryote, encore. -- Julien
Posté par Platecarpus , Aug 08,2002,05:09 Index  Forum

>Ben oui ! Il aurait été si difficile d’en faire mention dans un article de 11 pages qui traite directement du sujet ? Et pourquoi alors s’exprime-t-il ainsi : « car aucun intermédiaire de cette transition n’a survécu ni laissé de fossiles, témoins directs. »

Ironisez, ironisez... Il reste que l'auteur que vous citez a écrit un livre environ 40 fois plus long que l'article de Pour la science, où il consacre un long passage à un vestige de cette transition. La citation que vous donnez n'a aucune valeur, car elle est décontextualisée. Je n'ai pas pu consulter l'article que vous citez, mais j'ai lu le livre de de Duve, et il est bel et bien fait mention de formes intermédiaires.

>Puisque vous avez maintenant le livre en main...

Je ne l'ai pas à portée de main pour l'instant, hélas. Mais je publierai ici toutes les références, ne vous inquiétez pas.

>Encore une fois, ***l’ensemble des faits*** parlent d’eux mêmes. Il suffit d’aller un peu plus loin que l’article (que j’ai lu). Entre autre, il pourrait être approprié de considérer les réels fossiles avant reconstitution parce que les évolutionnistes ont la fâcheuse réputation d’extrapoler à l’extrême les reconstitutions fossiles ne faisant rarement mention que la reconstitution est basée sur des restes de 30, 40 ou 50 % de l’organisme. Enfin.

En l'occurrence, les fossiles que nous avons trouvés de ces animaux étaient quasi-complets. Pour la science a publié une série de reconstitutions assez intéressantes, où les os manquants qui ont été reconstitués sont mis en évidence. Ils ne sont pas nombreux.

Pour ma part, j'ai examiné les véritables fossiles (je n'ai pas eu l'honneur de les observer directement, mais dans des articles de paléontologie technique). Leur statut intermédiaire est évident pour quiconque a une vague formation de paléontologie ou de zoologie des vertébrés.
Quant à "l'ensemble des faits", ils parlent effectivement d'eux-mêmes. Je ne connais aucun paléontologue ni aucun cétologue qui soit créationniste. Tous les spécialistes qui ont établi eux-mêmes "l'ensemble des faits" sont d'accord : l'évolution des baleines est de mieux en mieux connue. On a assisté à une multiplication des travaux concernant les modifications évolutives de presque chacun des aspects de ces cétacés durant les dernières années. On commence à les connaître parfaitement.
Mais les dernières découvertes n'ont fait qu'améliorer la connaissance d'un fait (l'apparition des baleines à partir d'ancêtres terrestres) qui n'était pas contesté. Nous n'avions pas encore les fossiles qui éclairaient cette transition, mais il suffisait de s'intéresser un peu aux animaux contemporains (qui, eux, ne manquaient pas à l'appel) pour s'en rendre compte. La macroévolution est un fait unanimement accepté - une évidence qu'aucun scientifique sérieux ne conteste. Il faudra vous y faire, Julien : vous cherchez vos arguments dans la biologie, la thermodynamique, la paléontologie, la physique, la chimie. Mais tous les plus grands spécialistes de ces disciplines sont évolutionnistes, unanimement. Ceux-là mêmes qui ont établi les données que vous tentez de recycler l'ont fait dans un cadre de pensée évolutionniste.

>Alors, pourquoi les procaryotes sont toujours là ? Il aurait survécu une quantité innombrable d’espèces bactériennes mais pas une transition procaryote/eucaryote pourtant mieux adaptées (à part la mention de De Duve).

Il a survécu quelques transitions procaryote/eucaryote, mais pas toutes.
Quant à votre question "pourquoi les procaryotes sont encore là ?", elle est assez absurde. Les eucaryotes sont parfois plus compétitifs que les procaryotes, mais c'est loin d'être toujours le cas. Ils se reproduisent moins vite, n'occupent pas tous les milieux où les procaryotes peuvent s'aventurer.

>La discussion serait plus simple si vous arrêtiez de jouer à l’autruche et admettiez que le passage procaryote/eucaryote demande plus de foi que l’hypothèse de la discontinuité entre les deux ou de leur origine distincte. Et ceci, en considérant la tonne de faits incontournables que la science rapporte.

Pff... Je vais vous dire pourquoi la transition procaryote/eucaryote traîne sur la table depuis si longtemps : c'est parce que c'est la seule qui, par nature, n'a pu être enregistrée dans les archives fossiles. Par conséquent, on ne la connaît pas à 100 %. Mais que la transition ait eu lieu, c'est un fait évident, qu'aucun scientifique ne conteste (à part quelques attardés, je vous l'accorde).
Quels sont les faits qui plaident pour une origine commune ?
- les molécules et macromolécules qui les constituent sont exactement les mêmes. Aucune chance pour que cela soit dû au hasard
- le métabolisme, le mécanisme de l'hérédité, celui de la reproduction, les grandes structures fondamentales de la cellule - tout cela est identique
- il existe des différences mais :
a) elles sont plus superficielles
b) elles ne sont pas absolues. On dispose d'une multitude de "chaînons intermédiaires" - soit des eucaryotes auxquels il manque telle ou telle caractéristique, soit des procaryotes qui ont des caractères d'eucaryotes
- pour expliquer l'apparition de ces différences, on est obligé de faire appel au mécanisme d'endosymbiose. Or, celui-ci :
a) ne fait appel qu'à des causes naturelles : mutations, sélection
b) a été observé en laboratoire
c) semble avoir laissé des traces. Les mitochondries sont :
1) organisées comme des bactéries
2) munies d'un génome semblable à celui d'une bactérie
3) sensibles aux antibiotiques
4) se divisent et se comportent exactement comme des bactéries pathogènes, à ceci près qu'elles ne sont justement pas pathogènes

Ces faits sont écrasants. Ils montrent - comme aucun scientifique ne le conteste - que le passage procaryote-eucaryote a eu lieu, et ce uniquement par des causes naturelles.

Maintenant, intéressons-nous à l'idée d'une origine distincte. Voilà ses principales caractéristiques :
- elle est irréfutable : parmi toutes les observations imaginables, seules quelques-unes s'accordent avec l'idée d'une origine commune. Il se trouve que ce sont justement les observations réelles. En revanche, toutes sont compatibles avec l'idée d'une origine distincte. Puisqu'irréfutable, elle est donc non-scientifique.
- elle ne fait appel à aucun mécanisme observé ou observable. Elle nécessite des mécanismes surnaturels (eux aussi irréfutables). Or, la méthode scientifique interdit toute référence à ce type de mécanismes.

Quand un phénomène n'est pas compris du tout, faire appel à des mécanismes surnaturels revient à choisir la solution de facilité. Nous avons mis longtemps à comprendre comment une cellule se dupliquait par des causes naturelles - mais on y est finalement arrivé. A côté de cela, certaines personnes auraient pu dire : "Vous n'y arriverez jamais. Le fonctionnement d'une cellule met en jeu des mécanismes surnaturels d'origine divine, et seulement ceux-là. Inutile de chercher des causes naturelles." Seulement, voilà : ce genre d'explications n'est pas valable en science. Elle peut être invoquée pour rendre compte de n'importe quel phénomène - et pas seulement de nos origines. Mais elle est irréfutable.
Quand un phénomène est compris en partie (c'est le cas de l'abiogenèse ou de la transition procaryote->eucaryote), faire appel à des phénomènes surnaturels revient à foncer à 100 à l'heure dans un cul-de-sac, alors qu'il y a une autoroute juste à côté.
Quand un phénomène est pratiquement compris à 100 % (c'est le cas de la macroévolution après l'apparition des eucaryotes), faire appel à des phénomènes surnaturels revient à être ridicule. Tout simplement.


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