Bon, si ça te dérange pas je vais te tutoyer, j’ai toujours eu du mal avec le vouvoiement, chez moi ça ne sort pas naturellement.
Je répond ici en une fois à ce qui m’a paru le plus contestable dans tes réponse à mes différents messages récents.
Tu mes demandes : “Etes-vous en train de dire que les scientiphiques n’ont pas le droit d’employer les termes “photons” et mécanique quantique”? Ca serait savoureux, comme technique “d’expropriation”.”
Reponse : non, je j’ai jamais voulu dire une chose aussi absurde.
Tu dis : “Et pourtant, le terme “photon” ayant un sens bien précis, si Omraam veut l’utiliser dans un autre sens, il faut qu’il le redéfinisse précisément”, et plus loin à propos de la manière dont les philosophes parlent de la mécanique quantique : “dans la même veine, sortir la mécanique quantique de la physique demande une redéfinition et une re-justification de son champs de validité.”
Non. Absurde. Il n’y a que les scientifiques qui exigent un langage non-ambigu, car il est nécessaire pour la pratique scientifique. Mais il serait grotesque de demander des définitions précises pour des discours qui ne se réclament pas de la science mais du mysticisme, de la littérature ou de la philosophie. Demandera-t’on à Lewis Carroll ou à James Joyce de définir précisemment les termes qu’ils inventent ? Demandera-t’on aux philosophes de définir précisemment “l’Etre” dont ils parlent depuis 2500 ans sans que personne ne sache exactement de quoi il s’agit ? Les philosophes se servent du chaos, ainsi que de l’indétermination quantique, de la même manière qu’ils se servent de leur propres concepts. Le manque de précision ne les dérangent pas, ça fait longtemps que la plupart ont accepté le fait que leur propre discipline n’est elle aussi qu’une production culturelle qui n’a aucun lien avec une mythique “réalité” ou “vérité”.
Ensuite, à propos de la mécanique quantique : “Alors à quel titre des “philosophes” s’abrogeraient-ils le droit de rendre invalide une théorie (qu’ils n’ont ni créé ni modifié) par le seul fait de la sortir du contexte ou elle possède un pouvoir explicatif?”
A ma connaissance, aucun philosophe n’a jamais tenté de rendre invalide la mécanique quantique. Ce qui leur est reproché c’est de la sortir de leur contexte mais je ne vois pas en quoi ça l’invalide. S’ils la sortent de leur contexte c’est pour, en établissant des analogies avec des domaines très différents (généralement les sciences humaines), tenter de trouver des principes explicatifs ou des concepts dans ces domaines où généralement ils savent bien que la mécanique quantique n’est pas applicable. Tenter d’appliquer aux sciences humaines les concepts scientifiques était d’ailleurs une méthode recommandée par Bohr !!!
Bref, utiliser un tournevis pour voir si avec on pourrait pas aussi se curer le nez. Mais il est clair pour tout le monde que, fondamentalement, le tournevis ne sert pas à se curer le nez.
Sur la fiabilité des livres, tu dis : “Il y a des manières plus simples que de tout lire. Par exemple arriver à voir si les arguments proposés pour soutenir une idée sont logiques et logiquements agencés. Sokal reproche l’obscurantisme de certains écrits, il reproche le fait que des personnes écrivent plus pour le style que pour la clarté et la justesse de la pensée. A vous de voir si aucun auteur n’écrit comme cela...”
Le problème c’est que, comme je l’ai déjà dit, Sokal reproche une attitude qui est assumée et revendiquée depuis plus de 30 ans par les auteurs qu’ils critique, et qui forme même une des bases du postmodernisme !!! On ne peut reprocher à des philosophes dont l’un des principaux chevaux de bataille est la contestation de la valeur et l’objectivité de la logique, et qui préconisent une dérive de la philosophie vers la littérature, d’écrire avec plus de style que de logique.
Ce serait aussi absurde que de reprocher aux scientifiques de partir de l’hypothèse que tout peut s’expliquer par des mécanismes matériels.
Par contre on peut reprocher aux scientifiques d’être attachés à cette hypothèse au point d’oublier qu’il ne s’agit que d’une hypothèse et de refuser toute valeur aux théorie spiritualistes - de même que l’on peut reprocher à pas mal de philosophes français, notamment Deleuze, d’être fanatiquement opposés à toute philosophie qui tente de se baser sur la logique.
Ce qui est toutefois gênant, avec la domination des sciences et de leur vérité, c’est que les outils “raison” et “logique” apparaissent à certains philosophes non plus comme des outils parmi d’autres, dont on est libre d’user ou non; mais comme des conditions de base à tout discours sérieux.
Je n’ai rien contre la grande gardienne de la logique, la philosophie analytique (d’ailleurs j’apprécie beaucoup Wittgenstein, Russel, ou Quine), à condition qu’elle renonce à vouloir imposer sa logique comme La Logique et sa raison comme La Raison.
Etudier un peu par exemple la logique hindouiste, qui a la même fonction que la nôtre (fournir des règles formelles pour penser de façon claire et cohérente) et qui est aussi ancienne mais qui est basée sur des principes différents (et qui ont subi autant d’évolutions que les nôtres), devrait nous aider à nous rappeler qu’il n’y a pas qu’une seule logique, et nous amener à un peu plus d’humilité.
Gaël.
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