André dit que le sens moral est une faculté innée. Il nous démontre ceci par l'existence du Code criminel canadien (tu vois combien en ajoutant «canadien» ça enlève déjà du poids à ta démonstration) et autres choses de même nature. Tout le monde redoute le crime, tout le monde veut une loi contre, et voilà, QED. Et pourtant, le CCR n'est pas sorti tout cuit des têtes de nos députés. C'est un mélange de tradition, de droit commun, de morale religieuse et de stratégie politique. En fait, il n'y a pas plus relatif, contesté et négocié que le CCR. Je le sais, ça fait 10 ans que je l'étudie. Sais-tu qu'on y punit le viol par 10 ans d'incarcération et l'entrée par effraction par la prison à vie? Bizarre, non?
Il y a tout un débat en jurisprudence sur la question de savoir si le droit prend sa source dans la moralité ou dans la nécessité administrative. Je ne trancherai pas, mais même de l'angle qui t'est le plus favorable on reste assez loin de pouvoir dire que l'existence du droit prouve l'existence de la morale en tant qu'objet (in re). D'ailleurs, au contraire on forme souvent notre jugement moral à partir de préceptes légaux.
Sébastien «prouve» que la morale absolue existe parce que sans elle rien n'est absolument moral. C'est un sophisme. Tu cherches à justifier ton échelle de valeurs personnelles avec un objet dont personne ne peut discuter, et que de ton propre aveu est probablement humainement impossible à saisir. C'est un peu trop facile, non?
Ceci me rappelle les chrétiens qui disaient (et qui disent toujours) que sans Dieu il n'y a pas de morale, sauf que tu plogues une morale absolue idéalisée et également inscrutable à la place de la divinité. La fonction de la morale et de la spiritualité dans ton discours est donc foncièrement politique. Elle sert à appuyer ta version du bien et du juste. C'est inacceptable, rationnellement. Je dirais même plus, moi les gens qui parlent de morale absolue, ça me fait peur. Les plus grands maux sont souvent causés par ceux qui veulent imposer le bien. Bon, je vais trop loin, là, mais tu vois combien la pente est glissante.
Cela dit, je n'essaie pas pas de vous pousser vers une morale relative, ni une morale relative «douce» (morale locale) ni «dure» (tout se vaut, donc rien ne vaut rien/nihilisme). J'aimerais tout de même qu'on réussisse à faire une différence entre la réalité empirique et la position normative.