Si le but du darwinisme est de persuader le public de croire qu’aucune Intelligence douée de volonté ne transcende le monde naturel, alors ce but impose à la recherche scientifique deux limites importantes. L’une, c’est que les scientifiques ont le droit de considérer toutes les possibilités, mais doivent se restreindre à celles qui sont en accord avec une philosophie strictement naturaliste. Par exemple, ils ne peuvent pas étudier l’information génétique en partant de l’hypothèse qu’elle pourrait être le produit d’une communication intelligente. L’autre, c’est que les scientifiques ne peuvent réfuter un élément du darwinisme, comme la puissance créatrice de la sélection naturelle, à moins de lui trouver un remplaçant acceptable, c’est-à-dire aussi naturaliste. Cette règle est nécessaire parce que les défenseurs du naturalisme doivent toujours avoir à leur disposition une théorie complète pour se protéger des attaques possibles d’une philosophie rivale théiste.
Les darwinistes ont fait de la mauvaise science à cause de leur peur viscérale d’avoir tort, et de laisser ainsi la parole aux théistes. Leurs collègues scientifiques les ont autorisés à se tirer d’affaire avec des pratiques pseudo-scientifiques surtout parce que la plupart d’entre eux ne comprennent pas la différence entre la méthode scientifique, comme Popper l’a décrite, et le programme philosophique du naturalisme scientifique. L’une des raisons pour lesquelles ils ne sont pas enclins à reconnaître cette différence, c’est qu’ils craignent la montée en puissance du fanatisme religieux si la crédibilité de la philosophie naturaliste devait être affaiblie. Mais lorsque la science est enrôlée à la défense d’une cause - religieuse, politique ou raciale- le résultat sera toujours de changer les scientifiques en fanatiques. Les scientifiques actuels reconnaissent ce danger lorsqu’ils pensent aux errements de leurs prédécesseurs, mais ils trouvent difficile de croire que leurs collègues puissent commettre les mêmes erreurs aujourd’hui.
Exposer le darwinisme à une réfutation possible n’impliquerait pas nécessairement soutenir une autre théorie, et certainement pas une théorie pseudo-scientifique basée sur un dogme religieux. Accepter le défi de Popper, c’est simplement faire le premier pas vers la vraie connaissance : la reconnaissance de sa propre ignorance. La réfutabilité n’est pas une défaite pour la science, mais une libération. En nous libérant du poids mort des préjugés, elle nous rend libres de rechercher la vérité.
Emmanuel
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