S. "Question biaisée. On ne naît pas avec ces choses-là. On peut naître tout à fait gentil et un jour aller tuer son voisin trois rues plus loin à Sarajevo. On peut un jour faire du trafic de cocaïne et l'autre sauver un avion plein de gens (Piché). Dans l'abstraction du contexte social votre question n'a aucun sens. Le manichéisme c'est une religion, pas une théorie biologique."
G. Vous savez très bien que je veux parler du criminel sans scrupule qui tue gratuitement. Mais ça vous fait du bien avec vos grands discours d'essayer de démontrer que votre interlocuteur s'exprime mal et que tout ne se résume pas à deux pôles diamétralement opposés. Allez-y, pensez, pensez, défoulez-vous, tapez-vous sur le torse tel le gorille qui cherche à intimider l'intrus. Il transparaît clairement dans votre message un certain embarras pour essayer de pondre un semblant de réponse.
S. Beaucoup de criminologues (pas moi) tombent dans une de deux écoles de pensée: 1) nous naissons «méchants», c'est-à-dire égoïstes et violents, pour ensuite se faire socialiser par la famille, l'école, les pairs, etc.; 2) nous naissons «bons», c'est-à-dire avec un besoin instinctif d'appartenir, de coopérer, etc. et certains d'entre nous sont dans un contexte où ils apprennent à devenir des criminels. Mais là c'est 1 OU 2, pas les deux à la fois.
G. Si les deux existent, pourquoi pas les deux à la fois?? D'ailleurs si les deux écoles existent cela veut bien dire que chacun va adhérer à l'une ou à l'autre école selon son propre ressenti (c.à.d. son degré de "bon" ou "mauvais" en lui). De toute manière l'une ou l'autre école sera inévitablement incomplète car il manque également les paramètres que certains "bons" ne deviendront jamais des criminels quel que soit le contexte et certains "méchants" ne deviendront jamais bons quel que soit le contexte!
S. Il me faut donc modifier votre question, j'ai pas le choix, puisqu'elle ne rime à rien. Alors, disons, «pourquoi y a-t-il autour de nous des gens bons et des gens méchants?...»
G. Et bien si ma question ne rime à rien, c'est bien ce que je disais, le discours est clôt. Je l'ai dit quelque part qu'il faut s'intéresser aux extrêmes pour une éventuelle étude.
S. "Autre élément important de la réponse: bien qu'on ait défini «bon» comme cherchant à réduire le mal à autrui et «méchant» comme causant du mal à autrui, ce qui peut sembler plus objectif, il n'en reste pas moins que différents observateurs jugeront un acte de façon différente selon leur définition de ce qu'est un tort à autrui -- à qui et à combien de personnes, et s'il faut en juger à court, moyen ou long terme. Un seul exemple de difficulté: faire du tort à un méchant, c'est bien ou mal?"
G. On doit choisir, on fait du tort ou on n'en fait pas. De plus je préfère des mots comme amour et respect. Les deux ensemble on arrive à se faire une assez bonne idée de ce que la plupart des ésotéristes veulent dire. D'abord on respecte, ensuite, si on peut, on aime.
S. En fait, la chose à mesurer est l'acte en contexte et la réaction des observateurs, pas la nature profonde de la personne.
G.Bien sûr, c'est tellement plus facile...
S. À votre tour, maintenant: en quoi le monde serait-il différent si l'équilibre dont vous parlez n'existait pas?
G. Il y aurait depuis bien longtemps que tout aurait "pété". Et c'est vrai qu'on fond de ma pensée j'ai le sentiment d'une certaine gestion de tout ça. Mais à mon avis ça ne provient pas directement d'un supposé Dieu. C'est pour ça que mes propos ont tendances à être contradictoires. J'ai ma petite idée là dessus que je garde pour moi...
Je n'attends plus.
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