Moi personnellement, non. Mais ça ne m'apparait pas impossible. Après tout, cette "impression de rouge" n'est - en simplifiant, 'videmment - que la perception du rouge associée à une histoire personnelle de cette perception. Bref, c'est le résultat de l'analyse visuelle associée à la mémoire. Des réseaux intégrateurs peuvent très bien rendre compte de ce genre de "qualia". » :
Ah non, je ne suis pas d'accord. La 1ère fois que tu as vu un objet rouge, tu as certainement du avoir une impression particulière que tu ne connaissais pas et donc ton histoire personnelle et ta mémoire n'ont pas joué. Progressivement tu as appris que cette impression était appelée "impression de rouge", mais ce n'est qu'une question de mot, ça aurait pu être "red feeling" ou "bzzz prout badaboum"...
Je ne sais pas si tu connais cette expérience de pensée de Jackson (1982) :
L'expérience de pensée :
Mary a passé toute sa vie enfermée dans une pièce en noir et blanc (elle est elle-même peinte en noir et blanc), elle ne communique avec le monde extérieur que par l'intermédiaire d'un écran de télévision en noir et blanc. Enfermée dans sa pièce, Mary étudie et devient la plus grande spécialiste mondiale de la couleur et de la perception des couleurs. Elle connaît tous les faits physiques pertinents concernant les couleurs et la vision des couleurs. Un jour, elle est enfin autorisée à sortir et on lui montre une tomate bien mûre. En voyant pour la première fois un objet rouge, elle apprend l'effet que cela fait de voir du rouge.
L'argument :
P1 Mary avant d'être libérée connaît tous les faits physiques concernant les couleurs et la vision des couleurs (y compris la vison du rouge)
P2 Mary (avant d'être libérée) ne connaît pas tous les faits sur la vision du rouge puisqu'elle apprend quelque chose de nouveau lorsqu'elle est libérée.
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C3 Il existe certains vérités (certaines propositions, certains faits) concernant la vision du rouge qui échappent à la théorie physicaliste.
C4 Le physicalisme est faux et l'on ne peut rendre compte des propriétés phénoménales ou qualia en termes de propriétés physiques (ou on ne peut les identifier à des propriétés physiques).
J'aimerais avoir ton avis sur cette expérience de pensée.
« Mon problème avec les zombies est que s'ils ne possèdent pas la capacité de produire des qualia, ils ne servent à rien pour l'étude des qualia. A moins, bien sûr, que les qualia n'existent pas formellement, c'est-à-dire totalement détaché du substrat neural, et dans ce cas, les zombies ne sont pas des zombies. »
Les qualias pourraient ne pas exister totalement détaché du substrat neural sans pour autant être identiques à certains états physiologiques du cerveau. J'admet des corrélations étroites entre certains états physiologiques du cerveau et l'expérience phénoménologique systématisables sous forme de lois purement empiriques et non logiquement nécessaires mais je n'admet pas d'identité entre l'expérience phénoménologique et certains états physiologiques du cerveau dont on puisse rendre compte sous formes de lois physiques logiquement nécessaires (s'il y a identité elle est forcément logiquement nécessaire, on est bien d'accord ?).
« La notion de quale m'apparaît utile pour réfléchir sur les phénomènes mais je ne crois pas qu'elle recouvre quelque chose de tangible. Un quale, c'est flou, evanescent et variable, de plus ça évolue et se transforme même pour une personne donnée. » :
On peut dire la même chose des nuages, pourtant les nuages existent ! :-) Si un quale EST flou, EST évanescent, EST variable, etc. c'est qu'un quale, c'EST qqch... Reste à savoir quoi.
J'expérimente des quales, donc ils existent, au moins pour moi. Si j'essaye de les analyser, je me rend compte qu'ils présentent un caractère irréductible. Or je ne peux pas me tromper sur la nature d'un quale (exemple : si je crois percevoir un quale rouge, cette croyance est fondée sur le fait que je perçois bien un quale rouge et donc ma croyance est vraie). Je suis donc amené à penser que les quales sont réellement irréductibles.
« Si on ne se sert pas des qualia dans ces modèles, comme dans le cas des zombies, cette notion est parfaitement inutile. »
Le problème n'est pas que cette notion soit utile ou non. Le problème est que les qualia existent et qu'ils sont, d'après moi et en fonction des raisons que j'ai avancé, inexplicables en termes physicalistes.
Mikaël
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