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Certitude = vérité ??


Re: Re:Re:Re:Vérification expérimentale -- Sébastien
Posted by Denis , May 25,2001,03:02 Index  Forum

Allo Sébastien.

Comme d'habitude, vous n'y allez pas de main morte dans votre dernier envoi. Par bout, vous y allez même à la hache.

Je suis plus souvent en accord qu'en désaccord avec ce que vous écrivez. Disons, deux fois sur trois, à peu près. J'ai jugé à l'oeil, sans rien mesurer. ;-)

Il est plus court de ne parler que des points de désaccord. Allons-y.

Seb: "Une démonstration, selon moi, c'est simplement une série d'arguments qui convainct [n'importe qui] qui écoute."

Et si c'est le bébé chinois (de mon exemple)qui écoute? Votre définition est, disons, inadéquate. Si, au moins, vous aviez dit "qui DEVRAIT convaincre" (plutôt que "qui convainct") j'aurais été moins sévère mais j'aurais quand-même un tipeu grimacé. Selon votre définition, les arguments que présentait Galilée à ses détracteurs étaient-ils une démonstration? Pas selon votre définition (ni selon la mienne, je l'admets; c'est une autre question, j'y reviendrai à (*)).

À partir de quelle date présise est-ce que "pouf" la théorie héliocentrique était démontrée? Avant, elle ne l'était pas du tout et puis, elle est devenue 100% démontrée. Ce n'est pas comme ça que ça marche dans l'histoire des sciences. Chaque côté a ses arguments. Comme au jeu de souque-à-la-corde. Peu à peu (pas tout d'un coup), il est devenu clair pour les mieux informés que les arguments de Galilée (et de ses supporteurs) étaient plus forts, plus convaincants, que ceux de leurs opposants. La théorie héliocentrique a fini par gagner.

(*) J'ai promis d'y revenir. J'y reviens. Avec ma définition "opérationnelle" de ce qu'est une démonstration, Galilée n'a pas réussi à démontrer sa théorie à ses auditeurs car il ne les a pas convaincus. Ça ne veut pas dire que sa théorie était fausse.

Je pense que vos mots ont dû dépasser votre pensée quand vous avez écrit: "Pour moi, certitude et vérité, c'est la même chose."

Vous êtes vous relu avant de poster? Je ne vous en veux pas, ça m'arrive souvent.

D'abord, la certitude se passe dans la tête des gens. La vérité, elle, (du moins celle dont nous discutons, celle portant sur l'univers matériel autour de nous) ne se réfère aucunement à celui qui pense. Confondre certitude et vérité, c'est comme confondre la carte et le pays.

Vous dites que certitude et vérité, c'est la même chose. Comment expliquez-vous alors que les gens ne soient pas tous exactement du même avis. Les certitudes de mon correspondant évangéliste-créationniste, braqué sur sa Parole de Dieu, ne sont pas du tout les mêmes que les nôtres. Votre équivalence des termes mène, logiquement, à "il y a plusieurs vérités". C'est trop laid pour être vrai.

On peut avoir des vérités qui ne sont pas des certitudes et on peut avoir des certitudes qui ne sont pas des vérités (le moins possible, idéalement). C'est tellement évident que les bras m'en tombent. Difficile de vous écrire dans ces conditions. Vous usez de tactiques déloyales. Me démembrer pour m'empêcher d'écrire. ;-)

Votre égalité certitude=vérité n'a du sens que si l'on réserve le mot "certitude" uniquement aux opinions de "ceux qui savent" (et qu'on emploie un autre mot pour désigner les opinions de ceux qui un peu savent moins bien). Il y a de l'infaillibilité dans l'air. Jean XXIII n'en a plus pour longtemps. Vous devriez songer sérieusement à poser votre candidature. :)

Flûte. Je n'avance pas. J'ai à peu près 30 commentaires notés en rouge sur le printout de votre texte et je n'en ai jusqu'ici traité que 3. Vous me découragez. Pitié pour le correcteur!

Tiens, un autre exemple, au hasard parmi mes notes en rouge:

Seb: "C'est plus intelligent de parler d'hypothèse indémontrée que de probabilité subjective".

J'ai déjà eu une discussion sur à peu près le même sujet avec un ami pour qui, la lévitation des moines tibétains était une hypothèse indémontrée. Pour lui, peut-être que oui, peut-être que non. Rien de plus à dire.

Ça me paraît un peu court. Ça manque de dégradé. Il y a une grande différence entre "être presque certain que OUI" (disons, p>0.9999), "être presque certain que NON" (p<0.0001) et être sans opinion (p voisin de 0.5). Votre logique à deux états (démontré, pas démontré; certain, bulshit) colle mal à "comment ça marche dans la tête de quelqu'un qui pense". C'est un modèle tout simplement inadéquat.

Vous n'aimez pas les probabilités subjectives. Pourtant vous en avez autant que moi. Chaque fois que vous prenez une décision en état d'"information incomplète", comment vous-y prenez-vous? Il vous faut du 100.0000000000....00000...% de certitude pour mettre un pied devant l'autre (physiquement ou intellectuellement)? 99.99999% seulement ne vous suffit pas? Allons-donc! Comment faites-vous pour vivre avec un tel handicap?

Flûte, le temps passe vite. Vous allez encore m'avoir par la fatigue. Je commence à connaître vos trucs dialectiques.

Rien qu'un petit point. Au sujet du jeu d'échecs, je vous parie $5 que je suis encore plus tarte que vous aux échecs. Vous avez lu ma question trop vite. J'ai bien précisé "hors système solaire" (mais dans notre galaxie). Si j'ai dit "hors système solaire" plutôt que "extra-terrestre" c'est pour exclure les ordinateurs qui sont à bord des sondes spatiales et qu'on pourrait munir d'un logiciel d'échecs. Ma question portait sur l'existence (ou non) d'extra-terrestres intelligents. Ma référence au jeu d'échecs (avec 5 ans de pratique) ne visait qu'à proposer un critère opérationnel d'intelligence. Selon ce critère, la vie intelligente sur Terre existe depuis 200000 ou 500000 ans, ou à peu près, à l'oeil.

Ai-je réussi à vous convaincre (i.e. à vous démontrer) qu'il y a une grosse nuance entre les concepts de "vérité" et de "certitude"?

Portez-vous aussi bien que vous pouvez le souhaiter.

Denis



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